Edith est une petite fleur sans défense lorsqu’elle atterrie au camp nazi. Dès le premier jour de sa captivité, elle est mise en processus de survie : Ressusciter une défunte en prenant son identité tout en reniant la sienne. Une fois le choc passé devant tant d’atrocités, elle réalise la privation qu’elle doit subir et le peu de chance qu’elle a de s’en sortir. À partir de ce moment, elle entend bien profiter de son nouveau statut de criminelle et de son joli minois pour améliorer sa condition. C’est la question que soulève le film : Quelle attitude prendre dans une telle situation d’assujettissement? Faire preuve de résilience en espérant que le temps arrange les choses? Trouver la force dans la solidarité? Renoncer en se lançant dans les barbelés électrifiés comme l’a fait Terese ou agir par opportunisme comme l’a fait Édith en Nicole.? Certains ont reproché au producteur de n’avoir pu s’empêcher par souci commercial d’ajouter un amour à l’eau de rose au scénario. Une appréciation plus positive, leur ferait dire que c’est par ce sentiment réel qu’Édith réalise l’abjection de son comportement et que c’est par remords qu’elle commet son acte de bravoure à la fin. Susan Strasberg applique bien les leçons de son père Lee Strasberg, notamment dans la première partie du film et Emmanuelle Riva est étonnante d’intériorité. L’univers tragique des camps est habilement reproduit tant visuellement que dans la mise en scène, même si les rescapées de Ravensbrück ont émis des réserves par peur que l’on croit qu’elles s’en soient sorties par lâcheté.