La saga des No Retreat, No Surrender, c'est avant tout une idée géniale de Ng See Yuen. Conscient de l'importance de l'export pour le cinéma HK, Ng cherche un moyen de se placer davantage sur le marché US. Les films d'action de l'ex colonie ont bien sur des fans de l'autre coté du pacifique mais le grand public n'avait jamais cédé aux sirènes de l'action made in Hong Kong. Tel un nouvel Ulysse, le producteur met au point véritable cheval de Troie afin de conquérir le marché. La technique, c'est de donner au film toutes les apparences d'un long métrage US : acteurs, scénario, dialogues... Tout est mis en œuvre pour que l'œuvre sente le doux parfum du hamburger. Tout... Pas exactement, puisque l'action, elle, est 100% Hong Kongaise, réalisée par des spécialistes du genre. Le premier film basé sur ce schéma, Karate Tiger, avait obtenu un bon succès commercial, prouvant l'efficacité de la formule. La Seasonal ne pouvait en rester là et accouche de cette suite en 1989.
Dans la grande tradition des suites à la Hong Kongaise, celle-ci n'a aucun rapport avec le premier volet. Là où Karate Tiger surfait sur la mode des Karaté Kid, No Retreat, No Surrender 2 vise les séries B post Rambo 2, genre Portés Disparus. Certes, le film ne se passe pas au Vietnam mais c'est tout comme ! Thailande et Cambodge (les lieux de l'action) sont infestés de communistes prêts à semer mort et destruction. Une copie aussi caricaturale que l'originale ! Afin de renforcer encore plus l'illusion d'un film US, No Retreat, No Surrender 2 utilise la bonne vieille formule du Buddy Movie. Loren Avedon est le jeune premier séduisant et sympathique, un héros dans toute sa splendeur. Il fait équipe avec Max Thayer, le baroudeur de service, une grande gueule comme on les aime dans les films d'action à l'Américaine. La formule se voit renforcé par la présence, un peu plus en retrait, de Cynthia Rothrock qui jouant dans sa langue maternelle, peut se montrer meilleure actrice que dans ses travaux à Hong Kong. L'illusion serait presque parfaite si on ne sentait pas un petit décalage entre les intentions affichées (faire un film conforme aux normes US) et la vraie nature du produit. Les « punch line » manquent de naturel, tout comme certaines situations comiques, ou par rapport au traitement des méchants (les Russes qui chantent Kalinka, même les USA n'auraient pas osé de tels clichés !).
Mais la grande différence avec le Chuck Norris moyen, c'est bien sur l'action. Même dans un environnement étranger et avec des acteurs (pour la plupart) non familiers à l'action HK, Corey Yuen et son équpe livrent des combats rythmés et spectaculaires. Seule concession à l'apparence américanisé du film, le recours plus fréquent que d'habitude aux cascades motorisées et autres explosions qui sont la norme dans bon nombre de séries B US. Malheureusement, Corey imite si bien ces modèles qu'on regarde ce type de scènes avec le même désintérêt que les originaux ! Champs (les héros qui tirent)/contre champs (les méchants qui tombent) s'accumulent paresseusement, les artificiers mettent en pièce quelques vagues décors... Rien de très excitant tout ça.
Les combats à mains nues remontent le niveau. Corey et ses deux collaborateurs ont du savoir faire, leurs chorégraphies sont professionnelles et spectaculaires. Ils sont toutefois dépendants des interprètes. Evidemment, les vétérans que sont Hwang Jang Lee et Cynthia Rothrock assurent sans difficultés. Leur petit affrontement est clairement le meilleur combat du film. Mais le jeune Loren se débrouille très bien aussi. Il parvient à attraper le rythme rapide des chorégraphies Hong Kongaises et délivre de jolis coups de pieds en quantité. Les cas problématiques, ce sont Max Thayer et Matthias Hues. Pour le premier, Corey et ses hommes ne se prennent pas vraiment la tête. Il n'a rien d'un artiste martial, alors, plutôt que de le doubler intensivement, il combattra à l'américaine : Coups de poings de cow boys et coups de boule feront l'affaire. Pourquoi pas vu l'identité bâtarde du film... Matthias Hues, en tant que grand méchant, est une autre affaire. On le sait, le recours à des énormes masses de muscles n'a jamais donné de très bons résultats dans le cadre de l'action à la HK. Trop lent, pas souple pour un sou, ils annihilent par leur seule présence des chorégraphies basées sur la vitesse et le rythme. Tout le savoir faire et la créativité des chorégraphes sont donc mises à l'épreuve pour parvenir à contourner le problème. La solution retenue par Corey est double. D'abord, mettre en valeur Matthias Hues comme un véritable bulldozer, il se prend plein de coups, est blessé mais continue toujours de se battre. Et surtout, Corey joue avec l'environnement. Il utilise tous les accessoires disponibles dans ses décors pour dynamiser le combat. Si le résultat final est loin des plus grandes scènes de fight que le cinéma de Hong Kong a pu nous offrir, il reste tout à fait plaisant et bien violent à souhait.
Le pari est tenu pour Corey et son équipe !