Tourné lorsqu'il était encore réalisateur aux Pays-Bas, « Katie Tippel » est peut-être l'une des œuvres les plus marquantes de la carrière de Paul Verhoeven. Léger manque de budget, peut-être, mise en scène un soupçon classique par moments... Mais au-delà de ça, difficile de ne pas voir la forte personnalité du « hollandais violent » à travers cette héroïne (ayant vraiment existé, d'ailleurs) tentant de se faire une place dans une société d'exploitation où la misère est monnaie courante.
Sans jamais céder au misérabilisme, captant avec ferveur l'atmosphère de fin du XIXème siècle et optant pour une esthétique souvent très picturale de belle facture, il fait de son personnage principal une force de la nature assez admirable, dont on suit le parcours chaotique et passionnant avec une infinie compassion, la prestation puissante de Monique van De Ven étant au diapason. Et puis il n'y a pas à dire : pour filmer un quotidien brutal ou marquer les esprits à travers plusieurs scènes assez dingues (celle des
« ombres chinoises »
en tête!!), Verhoeven n'a guère d'égal, faisant de ce biopic qui pourrait tout à fait ne pas l'être une œuvre forte, personnelle et intense : un beau moment de cinéma.