La B.O : https://youtu.be/0pH8_kvPsRs
Petite actualisation de ma critique suite à la sortie de l'édition Blu Ray de The ecstasy of films.
Voir ce petit chef d'oeuvre dans de bonnes conditions techniques, ça change beaucoup de choses et permet de constater l'incontestable talent de Signor Castellari.
Un régal dont je chante les louanges par ici :
http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=6796
(1976. FR : Keoma / ITA : Keoma, Il Vendicatore / ENG : Django Rides Again
Vu en VF... image de piètre qualité... Merci, quand même, à La Cinémathèque Du Bis !)
Fin de la Guerre de Sécession, le métis peau-rouge Keoma (Franco Nero https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_2_Franco_Nero/2863041), qui a été soldat parmi les Nordistes, revient sur ses terres. Il découvre une ville dévastée par la peste, sans représentant légal, livrée à la merci d'un certain Caldwell (Donald O'Brien) qui semble tirer profit de la situation. Les pestiférés sont ainsi assassinés ou parqués dans des camps et aucun médicament n'arrive jusqu'ici… Confinement oblige !!! Le père blanc de Keoma (qui l'a adopté suite au massacre des siens), William Shannon (William Berger https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_10_William_Berger/2874231), notable de la région, ne détient plus aucun pouvoir, et ses trois frères blancs (Orso Maria Guerrini, Joshua Sinclair et Antonio Marsina), qui l'ont toujours détesté, sont au service de Caldwell... En voulant changer la situation, Keoma entame alors un long chemin de croix !
L'année 1976 est, à mes yeux, une année bénite pour Enzo Castellari ! En effet, il y réalise ici deux sacrés morceaux dans leurs genres respectifs, le sombre polar Big Racket et notre Keoma, sans doute dernier film « sérieux » du western italien, alors déjà agonisant. Un western teinté de fantastique (le fantôme de la mère annonçant la mort qui rôde dans le vent et la poussière), se voulant novateur avec des flash-back inscrits dans le présent (notamment lorsque Keoma se remémore la bagarre avec ses frères), et des ralentis, mieux réussis que sur Big Racket d'ailleurs, lors de scènes de fusillades (particulièrement la dernière avec l'accouchement en fond).
Un film protéiforme qui ne laisse pas indifférent, allant même jusqu'à philosopher sur le racisme, la guerre ou le sens de la vie ! Sacré Enzo ! Voir à ce propos la scène de retrouvailles père-fils...(c'est sans doute plus sérieux en VO...) Le métrage n'est pas dénué de défauts ceci-dit, les dialogues tombant parfois à plat, la B.O. étrange et malaisante des frères De Angelis https://www.senscritique.com/liste/Parce_qu_il_n_y_a_pas_que_Ennio_Vol_1_Guido_et_Maurizio_de_A/2850746 (à l'image du film) prend une place prépondérante et peut en agacer pas mal d'entre nous...
Mais l'une des forces de Keoma réside dans son casting. Franco Nero, icône du genre, incarne de nouveau un personnage culte, non loin finalement du Django qui le fit connaître. Le titre anglais n'est d'ailleurs pour une fois pas si racoleur, tant il y a de ressemblances avec le film de Corbucci. Le début notamment avec le sauvetage d'Olga Karlatos (L'enfer des Zombies, Mes Chers Amis) et la scène du saloon, ainsi que l'atmosphère générale...et les yeux bleus de Franco ! On songe aussi à 4 De L'Apocalypse de Fulci, réalisé un an auparavant, pour l'ambiance bizarre et surnaturelle, la musique « hors-jeu » ou encore...l'accouchement !
Les seconds couteaux sont aussi de première classe, Woody Strode https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_17_Woody_Strode/2877397 et William Berger apportant de l'émotion et de la bonté dans un film rempli de crapules ! Parmi celles-ci, on retrouve Donald O'Brien (Saludos Hombre, 4 De L'Apocalypse) en chef lâche, Orso Maria Guerrini et sa tronche de fou (le champion de ball-trap dans Big Racket) ainsi que toute une bande d'affreux qu'on retrouve dans la plupart des films de Castellari (Joshua Sinclair, Antonio Marsina, Alfo Caltabiano, Giovanni Cianfriglia https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_13_Giovanni_Cianfriglia/2875061, Roberto Dell'Acqua, Massimo Vanni...)
Un opus sombre et crépusculaire méritant allégrement sa réputation de dernier grand western italien. Il ne me reste plus qu'à le voir, enfin, dans une V.O. à l'image convenable pour parfaire mon avis et l'apprécier totalement.