Quasi documentaire sur une bande de très jeunes ados désoeuvrés au coeur de l'été new-yorkais, "Kids" m'a d'abord évoqué "The we and the I" de Michel Gondry, par la justesse de ce portrait de groupe.
Sauf qu'ici, le véritable propos de Larry Clark concerne le SIDA, désormais le fléau numéro un de cette génération, laquelle n'en a pourtant pas conscience, toute préoccupée qu'elle est par la transgression et la recherche de ses propres limites : drogues et alcool, skateboard, baston et surtout sexe seront au programme de cette journée fatale...
Le film est d'autant plus marquant que ces jeunes comédiens amateurs sont saisissants de réalisme, et que ce sont encore presque des enfants au moment du tournage. D'ailleurs Clark montre bien la génération suivante, encore plus jeune, qui assiste à l'orgie finale et commence déjà à reproduire ces comportements auto-destructeurs.
Harmony Korine a écrit le scénario de "Kids" en s'inspirant de son propre vécu, et cette réalité transpire dans chaque plan, au sein d'une mise en scène coup de poing d'une efficacité redoutable, d'autant que Larry Clark sait aussi prendre son temps.
A noter que certains jeunes acteurs connaîtront d'ailleurs un destin tragique, comme par symétrie, à l'instar de Justin Pierce (alias Casper), illustrant hélas la pertinence du film a posteriori.
A l'inverse, d'autres comédiennes débutantes parviendront ensuite à se faire une place au soleil, à l'image de Rosario Dawson ou Chloé Sevigny.
Quoi qu'il en soit, "Kids" reste probablement la meilleure campagne de prévention contre le virus HIV, et une diffusion dans tous les établissements scolaires semblerait même salutaire.