La petite Kié a hérité d’une famille dysfonctionnelle. Tetsu, le père, est un colosse de foire, bagarreur, immature et égoïste, qui traine en ville avec ses potes, boit, joue l’argent qu’il n’a pas et défie les arrogants. Parfaite et transparente, la mère est partie. Les grands parents s’épuisant dans leur petit restaurant, Kié, du haut de ses huit ans, est contrainte à les relayer chaque soir.
Isao Takahata adapte l’interminable bande dessinée de Etsumi Haruki (67 tomes), confiant le dessin à Yōichi Kotabe et Yasuo Otsuka. Leur trait conserve les codes du manga comique, décors stylisés, silhouettes et visages carrés, expressions surjouées.
Le scénario transcende la succession de gags, pour en tirer une véritable histoire dramatique. Si la situation de Kié apparaît, dans un premier temps, désespérée, un retournement va s’opérer grâce à un vieil instituteur et à un chat errant. Ne vous fiez pas à son physique de matou, Kotestu est un male alpha charismatique, un félin redoutable et une bête de scène. Kié parvient à nouer un dialogue avec les ennemis de son père, le gang de yakusas. Elle les amadoue, puis les transforme. Rien n’est perdu. Pastichant les duels de samouraïs, la fin est sublime.