Kiki la petite sorcière par Leodegar

Un film très touchant par ses dessins et ses personnages. Je suis peut-être un peu trop sensible au cadre et à l'environnement, et à la manière dont il sont retranscrits au cinéma. C'est tout-de-même magnifique à chaque plan, d'autant plus que c'est utilisé pour partager une émotion. Parfois un couple d'ado devant les vagues, parfois le ciel mélancolique, parfois une chambre ou une cuisine, etc. Tout est dépeint avec un souci de l'émotion, et forcément la fin fait pleurer, pas parce que c'est triste, mais parce que moi aussi j'ai apprécié cette ville et ses habitants, tout simplement.

C'est surtout une très belle manière de traiter un protagoniste. C'est simple et quotidien. Ce "réalisme" bien sûr est décoré par le soleil et la magie d'un Miyazaki, mais le récit n'en reste pas moins très vrai, tangible et universel. Un récit de voyage et d'adolescence qui me touche beaucoup malgré mes vingt ans, parce qu'il n'est ni trop niais, ni trop sérieux, en fait il n'est même pas au milieu de cette fourchette. C'est pas le récit initiatique classico-classique, mais un vrai passage à l'âge adulte souple et nuancé qui y est décrit. A travers ce petit monde, d'ailleurs très féminin, notre sorcière est initiée non pas par une quête mais par des discussions, des galères quotidiennes, des rencontres, des inspiratrices. Donc forcément c'est très humain et organique, rien ne semble artificiel et avec cet environnement parfaitement dépeint, tout a énormément de poids, même la plus petite phrase, le plus humble sourire. Forcément l'empathie est profonde et réelle. Elle n'est pas forcée par une armée de violons et des litres de larmes, mais par les petits signes de la vie de tous les jours qu'on peut vivre à travers la fenêtre de notre écran. La perte de confiance et l'amour naissant sont des thématiques simples mais qui sont les plus touchantes quand c'est bien fait comme ici.

Une très bonne redécouverte donc, qui en plus ne manque pas de péripéties, parfois amusantes, parfois plus graves, et qui se regarde sans aucun ennui.

Léodegar, le jeudi 27 avril 2023