Kiki la Petite Sorcière, c'est l'anti Chihiro. Enfin, pas exactement.
Là où Chihiro brille vraiment, sur la forme, Kiki est bon, mais pas exceptionnel. Le dessin et l'animation sont évidemment (oui, c'est Miyazaki, c'est donc une évidence) irréprochables, mais pas aussi bon que ce que pourra faire le maître de l'animation plus tard. La bande-son est également de qualité, comme pour les autres films mis en musiques par Hisaichi.
Un anti Chihiro, donc, pas tant sur la forme que sur le fond.
Chihiro est une jeune fille normale plongée dans un monde fantastique, Kiki, c'est l'inverse.
San devra apprendre la valeur du travail, de l'abnégation sous la contrainte, Kiki le choisira.
San est soumise et ne se réalise que dans sa libération, Kiki est libre, et choisit de s'adapter pour s'intégrer.
C'est sans doute pour ça que j'ai beaucoup aimé ce film. Une quête initiatique, là aussi, mais tout en douceur. Il n'y a pas vraiment de danger qui plane autour de Kiki, juste les inquiétudes, normales, d'une enfant devenant adulte. Kiki est véritablement attachante, souriante, joyeuse, volontaire ; quand elle perd pied, on parvient à s'identifier à elle, à ses doutes. Bien sûr, on devine aisément qu'à force de volonté elle se retrouvera, on retrouve un peu certains thèmes chers à l'animation pour enfants, mais la route qu'elle emprunte est bien plus douce ; c'est en se ressourçant dans la forêt auprès d'une amie artiste, puis en se retrouvant au contact d'une adorable grand-mère qu'elle trouve en elle le courage de continuer.
De plus, et comme souvent chez Miyazaki, la galerie de personnages est intéressante (même si elle confine aux clichés et à la mièvrerie, c'est à mon avis sans jamais y basculer), et comporte son lots de femmes indépendantes et fortes, des modèles positifs, attachants. Et ça fait du bien.