Cinquième Miyazaki du nom, Kiki la petite sorcière est une adaptation d'un livre pour enfant, mention méritant d'être faite dans la mesure où ce long-métrage ne brille pas de par sa teneur scénaristique ; en effet, celui-ci arbore un traitement d'univers des plus simplistes, renvoyant davantage à un récit à vocation enfantine, ce qui se traduit par une multitude de facilités lissant toute profondeur scénaristique.
Si l'on regrette l'absence d'un véritable parti ou figure antagoniste, on relève surtout que la quasi totalité des protagonistes secondaires apparaît comme étant foutrement avenante, dans la mesure où Kiki n'aura pas affaire à une quelconque once de malveillance, animosité etc. ; il subsiste certes à son arrivée en ville un semblant d'effarement, mais celui-ci est aussitôt abandonné au profit d'un émerveillement ambiant couplé à l'avenante Osono, boulangère de son cru ayant le coeur sur la main (et c'est peu dire).
Sans aller jusqu'à qualifier le monde de Kiki de bisounours, il est ainsi dommage que la trame ne s'attache au développement de son personnage phare qu'au contact de figures bienveillantes, on eut espéré en les circonstances une notion de rejet plus prononcée (si tant est qu'elle existe présentement) ; le long-métrage partait de toutes façons sur des bases plutôt bancales, entre l'univers mi-fantastique mi-réaliste ne faisant qu'effleurer l'adaptation d'une tradition ancestrale peu à peu oubliée au monde contemporain, et l'héroïne quittant le giron familial à seulement treize ans (la comparaison est grossière mais cela fait penser à Pokémon).
Kiki la petite sorcière n'est donc clairement pas le meilleur de Miyazaki, mais à défaut d'être son oeuvre la plus mature il constitue malgré ses faiblesses évidentes un divertissement des plus plaisants : tantôt poétique, tantôt drôle, le long-métrage oscille avec brio entre les tons au fil de l'évolution de Kiki, jeune sorcière à laquelle on s'attache sans trop de peine (Jiji n'y est pas indifférent).
Et si les péripéties ont beau ne pas être follement palpitantes, l'ensemble s'avère suffisamment dense et bien mené pour nous accrocher de bout en long, l'ambiance rafraîchissante nous transportant notamment en son sein avec aisance ; l'animation est d'ailleurs irréprochable, bien que plutôt âgé et pas aussi abouti que des films plus récents Kiki apparaît dès lors comme visuellement agréable, coloré et imaginatif en toute simplicité.
Aussi, si l'on excepte un dénouement concluant le long-métrage de façon abrupte, ou encore une carence en terme de magie, Kiki la petite sorcière est un Miyazaki mineur mais non moins charmant, dont le visionnage procure un plaisir certain ; bien qu'incomplet, le divertissement est donc au rendez-vous.