Final cut.
A la sortie de la première partie du diptyque "Kill Bill", beaucoup ont reproché une certaine superficialité, un manque palpable d'émotion derrière le défouloir jouissif qu'offrait Tarantino. Pas...
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Ce que je ne vous avais pas dit dans ma critique de la première partie de "Kill Bill", c'est que Quentin Tarantino, non content d'avoir passé une bonne première Saint Valentin avec Uma Thurman, avait prévu, avant même que son oeuvre ne sorte, de reproduire l'expérience dans une seconde partie, bien différente de la première.
Et c'est, je pense, à cela que l'on reconnaît l'artiste : son oeuvre, atypique, ne ressemble en rien à ce qui a été fait par le passé, inventant ses propres codes à partir d'autres déja existants, s'appropriant tous les styles de films, tous les genres possibles et envisageables, pour finalement leur rendre hommage, d'un hommage sincère et aimant.
Premièrement, l'atmosphère change du tout au tout; l'on n'est clairement pas dans le même film. Tarantino est ainsi parvenu à éviter tout ce qu'il ne fallait pas faire dans une suite, nous livrant, sinon une séquelle de haut niveau, un film neuf, atypique, original, sans réel lien avec tout ce qui a déja été fait.
"Kill Bill : Volume 2" constitue donc, en soit, une oeuvre nouvelle, surprenante et tout particulière, autant que l'est sa conclusion, aussi ambigüe que tout le reste. La conclusion de l'épopée de mademoiselle Bip ( sans déconner ), elle-même devenue, entre temps, Béatrix Kiddo, est donc grandiose, grandiloquante et fière, entre le chef-d'oeuvre et le film intemporel.
Mais voilà que j'affectionne un brin moins cette seconde partie. La raison est simple : le ton a foutrement changé; ayant effectué un 360 sur lui-même, il est dur de s'y retrouver, tant les codes du premier ont été effacés, et remplacés par d'autres à la fois usés et neuf, et d'un tout autre genre. J'ai souvent eu l'impression de me trouver devant un thriller, tant l'atmosphère, glauque à souhait, abandonne le comique du film d'action, et l'aspect grandiose de ses combats au katana.
L'approche est à l'évidence plus intimiste, à l'image de ces plans serrés dans le cercueil, terrifiants comme aucun autre avant eux; un fort sentiment de claustrophobie se développe dans nos coeurs, esprits et cerveaux, démonstration parfaite de la maîtrise sans faille de l'artiste sur son oeuvre, et preuve flagrante de l'efficacité de son travail.
Le travail sur les couleurs est lui-même extrêmement différent. De cela, vous pouvez en être sûr, et le remarquer en comparant les affiches des deux parties; la première, arborant des couleurs chaudes, marque un esprit légé, jouissif. La seconde, quand à elle, affiche des couleurs froides, passant du marron au jaune pâle, sorte de prémonition de la noirceur de l'intrigue, et de la fameuse scène du cercueil.
En soit, le féminisme tient une place toujours aussi importante, dans l'oeuvre; Kiddo et Driver n'en démordent pas face aux hommes et, tout comme les Green et Ishii du film précédent, font preuve d'une férocité tenace, cette dernière n'ayant d'égal que leur fourberie croissante. Il n'y a point, je pense, de cinéaste masculin plus féministe que cet homme ci.
Les deux "Kill Bill" furent donc une expérience unique et changeante, vaguant entre les genres, véritable exercice de style empruntant au plus grand, pour finalement se faire une personnalité propre, et marquer, sinon l'imaginaire collectif, la culture populaire, la culture moderne, la Culture Geek. Une déclaration d'amour émouvante au cinéma d'aujourd'hui, à celui d'hier comme à celui de demain.
Kill Bill Volume 1 : http://www.senscritique.com/film/Kill_Bill_Volume_1/critique/62765770
http://avion.blogs.allocine.fr/2016/02/kill-bill-volume-2-2004-la-saint-valentino-n-2.html
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Créée
le 15 févr. 2016
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