Projet 100% cynique et sans la moindre nuance, KYF propose de suivre les vilaines actions d'un vilain directeur artistique d'une vilaine maison de disque qui emploie de vilains employés, et qui signe à tour de bras de vilains artistes, et quand un crime est commis la police assigne l'enquête à un vilain inspecteur.
Cette surcharge de noirceur et de cynisme est certainement guidée par la volonté d'O. Harris de nous dire quelque chose du genre "regardez comme cette industrie est vilaine !". Alors que cette observation n'avait échappé à personne, à moins d'être particulièrement naïf ou peu concerné par le sujet. Espérons qu'il ne prenne pas conscience de l'existence des marchands d'armes ou des mandateurs liquidateurs, il serait foutu de vouloir nous en faire prendre conscience dans un film avec Paddy Considine et Stephen Graham.
Et s'il est vrai que les labels de musiques sont peuplés de créatures cyniques et parfois incompétentes, Kill your friends accentuent tellement le trait pour se rapprocher de ses modèles affichés (en gros American psycho qui rencontre Trainspotting), qu'à la fin du film on n'a presque envie de taper le carton chez Valery Zeitoun, plutôt que de parler musique avec O. Harris au Pub, c'est dire si l'effet est contre productif.
Affiché comme un "film britpop" un peu partout, Kill your friends n'est pas loin d'être mensonger -à croire que l'industrie ciné est aussi trouble que l'industrie du disque... Thriller musical porté par Nicolas Hoult, et situé à la fin de la guerre Oasis- Blur et du Cool britannia, il s'avère que les références à cette période se limitent à 2 vannes sur Menswear, à Beetlebum de Blur en générique et à du name dropping ponctuel (Jarvis Cocker, Paul Weller, Radiohead).
Car les "artistes" qui peuplent Kill Your friends, et dont le vilain producteur à la charge, sont au choix des sous Spice girls en encore plus vulgos, un rappeur escroc et un producteur de dance allemand (passage d'une vulgarité sans borne, et même pas drôle car avec assez peu de distance avec le ton général du film). Des portraits ultra caricaturaux qui sentent la paresse scénaristique à plein nez et disons le un désintérêt de son propre sujet.
Il y a bien le groupe indé fictif qui lui passe sous le nez, et dont le nom m'échappe. Mais ce statut de rock star indé naissante et le rapport vis à vis de la maison de disque n'est absolument pas traité. Pire, il nous fait demander de quoi à voulu parler ce type dans son film. Il ne veut pas vraiment parler musique, il ne parle même pas vraiment de l'industrie, il met juste en scène un mec présenté comme intelligent (il ne l'est pas du tout, cf son meurtre de sagouin sur son collègue dont il zieute le poste), pour lui faire dire des saloperies constantes sans que l'on comprenne en quoi cela présente un intérêt pour le spectateur.
Autant regarder la premier saison de Vinyl, ou même Creation stories. Au moins, l'amour de la musique et des groupes transparait dans ces tentatives pas transformées à 100%. Car j'ai pas le sentiment qu'Owen Harris aime beaucoup plus la musique que son personnage principal. Et si c'est la facette thriller qui vous intrigue, autant se taper n'importe quel autre truc, c'est pas ça qui manque.