Depuis déjà quelques années, croiser Robert De Niro au casting d'un film est synonyme de déception, de débâcle artistique, ou de la ridiculisation d'un acteur qui est, encore aujourd'hui, l'une des légendes du cinéma classique Hollywoodien. Même en sachant cela, la rencontre avec Jason Statham et Clive Owen promettait, l'un venant de Guy Ritchie, l'autre de Doug Liman (ou BMW, pour les intimes).
La tâche de les réunir incombe à l'inconnu Gary McKendry, qui signera là le seul film de sa carrière; en voyant l'oeuvre, on comprend pourquoi sa venue dans le milieu fut éphémère. Sans vrai talent, il se contente de faire un film dépassé, visuellement vieux, repompant l'intégralité du flow des films d'action des années 2000 : mise en scène clipesque, montage à vomir, filtre d'image terne ou pétaradant suivant la scène, toujours la même fin ouverte qui ne trouve ici aucune logique.
Qualitativement très pauvre, la photographie de Killer Elite trouve des échos dans d'autres mauvais thrillers d'action; des clichés gerbants d'Un homme à part à la laideur visuelle du frenchie Le Convoi, il y en aura pour tous les mauvais goûts; et si vous deviez faire l'erreur d'avoir des attentes minimes sur la rencontre de trois acteurs des plus appréciables, il est conseillé de rebrousser chemin et d'oublier les quelques notes d'espoir que l'on pouvait avoir.
Pétris d'incohérences et fait d'un scénario aussi simple que débile, Killer Elite ne passionne jamais; pire, il ennuie souvent, force son pauvre spectateur à souffler quand il ne note pas les problèmes du film dans un mémo. La relation qu'y entretiennent les trois compères force aussi la pitié, les acteurs étant gérés de manière affreusement bâclée, leurs personnages jamais vraiment développés.
On se retrouve donc avec un De Niro en roue libre qui préfigurait ici sa descente aux enfers de Malavita, et tous les dtv de peu de qualité qui suivirent. Statham y sert le minimum syndical, quand Owen écope d'un rôle affreusement inintéressant. Affreusement brouillon dans le déroulé de son intrigue et la place évolutive de ses personnages à l'intérieur du scénario, Killer Elite va même jusqu'à rater la plupart de ses scènes d'action, les combats de fin entre Statham et Owen rattrapant quelque peu la déception globale.
Un petit film d'action des années 2000 largement oubliable.