Il est toujours difficile de juger un réalisateur qui a connu son âge de gloire dans les années 70 par son film le plus récent. Que ce soit dit d'emblée, je n'ai vu ni L'Exorciste, ni French Connection, ni aucun autre film du cinéaste.
Le film, dés les premières images, nous immerge véritablement dans son univers. Un vieux mobil-home, au beau milieu des bas quartiers américains. Une pluie violente s'abat. Un personnage frappe aux portes, cherchant une certaine Dottie. L'introduction fonctionne plutôt bien: on découvre une situation familiale compliquée (parents séparés, et leurs deux enfants éparpillés).
Seulement, le film se perd petit à petit.
Tout d'abord, par une certaine violence gratuite. On voit bien qu'elle cherche à choquer, mais sert-elle véritablement le film ? On a l'impression que Friedkin a seulement voulu faire parler de son film. De plus, ces scènes de violence sont bien souvent mal fabriquées. Il ne suffit pas de feindre un coup de pied, d'y coller un bruitage bien bruyant pour appeler à la réalité (je pense notamment à la baston dirigée par les deux bikers).
La réalisation est loin d'être à la hauteur de ce que l'on attend, les plans étant globalement des sortes de cliché du film d'action/film noir, amenant directement le spectateur à ce qu'il doit ressentir, sans chercher à s'en éloigner justement, et créer quelque chose de plus élaboré ou intéressant. J'ai lu quelque part la comparaison avec le No Country For Old Men des frères Coen, seulement eux avaient réussi une certaine approche du film noir différente du fonctionnement hollywoodien.
Violence gratuite donc, soutenue par les non prestations des acteurs. Tout d'abord, Matthew McConaughey, censé incarner le fameux Joe. Ok, il est habillé de cuir noir, il a un chapeau, des lunettes de soleil. Est-ce que cela fait de lui un serial killer ? Pas vraiment. Il n'en a absolument pas la carrure.
On sent bien que le cinéaste s'est inspiré de La Nuit du Chasseur de Charles Laughton. Seulement, on ne ressent pas la même pression psychologique, la même ambiguïté de l'invité qui va progressivement remplir la tâche du père de famille.
Je terminerais sur l'absurdité de la scène finale, définitivement la plus violente du film. On ne sait pas vraiment pour quoi untel fait ceci, pourquoi untel réagit comme ça. Mention spéciale au père qui est submergé par la bêtise.
Un film qui tend donc à dépeindre la société américaine qui touche le fond, mais n'y parvient malheureusement pas vraiment, malgré un scénario à l'origine pas si mauvais que ça.
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