Cinéaste aussi talentueux que controversé, aussi fou furieux que contradictoire, William Friedkin adapte à nouveau une pièce de théâtre après le dérangeant "Bug", s'attirant des critiques élogieuses comme il n'en avait pas eu depuis fort, fort longtemps.
Surestimé, "Killer Joe" l'est assurément pour ma part, loin d'être aussi mémorable qu'un "To live and die in L.A." ou un "Cruising", et lorgnant un peu trop vers le cinéma des frères Coen période "Blood simple". Le nouveau délire de Friedkin est également très particulier, bande complètement déjantée et hystérique, outrancière et extrêmement bavarde, s'achevant sur un final aussi cathartique que frustrant.
Pourtant, il en émane une liberté totale qui fait un bien fou, comme si Friedkin pouvait enfin se permettre absolument toutes les outrances, pour le meilleur comme pour le pire. En résulte un polar noir poisseux décrivant une Amérique absolument dégueulasse et dégénérée, hantée par des losers tous aussi abjectes les uns que les autres.
Le meilleur de "Killer Joe" est donc sa liberté de ton, ainsi que son casting, royal, dont on retiendra surtout la folie de Matthew McConaughey et la grâce lunaire de Juno Temple, compensant une certaine hystérie rapidement fatiguante et une intrigue somme toute classique derrière le délire ambiant.