Finalement Martin Scorsese n'a pas fait un film sur les Osages mais sur le crime des hommes blancs.
Le film ne s'attache pas à montrer la subjectivité des Osages, leur souffrance et leur culture. La caméra ne rentre pas dans leur maison mais reste bien chez les blancs. Rien de très neuf et de très innovant donc. Durant les trois heures de film, les scènes où Molly et sa famille apparaissent sont extrêmement réduites. Nous suivons le personnage de Léonardo DiCaprio pour qui on arrive même à ressentir de l'empathie: le "pauvre" est partagé entre la fidélité à son oncle, son "devoir" familial et son amour pour sa femme. L'intériorité des Osages est si peu rendue que même lors du procès, lorsque Ernest (Léonardo DiCaprio) avoue devant son épouse avoir commandité le meurtre de la moitié de sa famille, ce sont ses larmes qui sont filmées et la caméra nous montre que très rapidement Molly, toujours aussi passive, fronçant légèrement les sourcils. On peut d'ailleurs s'interroger sur la passivité de Molly qui paraît peu crédible et qui ne correspond pas à l'introduction que l'on nous fait du personnage: une femme posée, réfléchit, et très intelligente. A l'inverse Ernest est introduit comme étant un beauf, ne sachant que boire, aimant les femmes et ayant très peu d'attrait pour les choses de l'esprit. Elle dira même de lui à ses sœurs qu'il est beau mais pas très "malin" et qu'il ne souhaite l'épouser que pour son argent. Enfin elle tombe tout de même amoureuse et une phrase d'une de ses sœurs suffit pour qu'elle baisse sa garde et l'épouse.
La crédulité de Molly est à mon sens peu crédible. Tous ses doutes son balayés par la confiance aveugle qu'elle a en son mari. Certes l'amour peut faire ce genre de choses mais peut-être pas indéfiniment, d'autant plus que l'amour que Molly porte à sa famille est lui aussi puissant mais visiblement pas assez pour pousser plus loin ses questionnements. Bien qu'il est impensable qu'elle ne fasse pas le rapprochement entre son état maladif identique à sa sœur décédée auparavant. Etat qui dans leur deux cas apparaît étrangement après leur mariage avec l'homme blanc.
Jamais durant tout le film la caméra ne se pose sur l'épaule des Osages pour adopter leur point de vue même quand ceux-ci sont assassinés...
Un film lissé qui n'a pour originalité seulement le sujet encore jamais traité mais qui ne peut s'empêcher de l'occidentaliser.