Loin du film nerveux que nous avait promis la bande annonce, Killers of the flower moon, le dernier chef-d’œuvre du maître Scorsese est un travail de mémoire important sur une partie peu connue de l’histoire américaine et indienne.
Le film raconte la mort lente du peuple Osage par le prisme des blancs américains qui multiplient les assassinats contre ce peuple indien particulier. En effet, loin du cliché des indiens contre les cowboys, le cinéaste nous fait découvrir un peuple d’indiens devenus riches grâce à leur exploitation du pétrole. Un peuple partagé voire explosé entre héritage culturel et patrimoine économique.
On a reproché au film sa durée de 3h30. Je ne sais pas qui a décidé que le cinéma devait être l’art du résumé et de la concision. Toute la beauté du geste filmique vient justement du fait que Scorsese dépeint la vérité sans faire de compromis narratifs (flashforwards ou autres), il raconte de manière clinique la lente descente aux enfers des indiens Osages.
Restez bien accroché sur votre fauteuil car le film est glaçant. Nous ne voyons pas que quelques blancs commettre des crimes, il est davantage question d’un problème structurel où règne une société blanche corrompue.
En filmant les meurtres prémédités de ces “Killers of the flower moon”, Scorsese déconstruit l’idée du “rêve américain”. Il n’a jamais été aussi atroce de voir des hommes s’accaparer des terres pétrolières…
Scorsese rejoue une nouvelle fois une histoire de mafia familiale. Le patriarche pervers et manipulateur de cette famille est magnifiquement bien campé par Robert de Niro. L’actrice Lily Gladstone délivre un jeu de l’ordre de la performance. Quant à Dicaprio, il aurait gagné en profondeur en défronçant légèrement les sourcils. Il reste néanmoins jouissif de le voir jouer un benêt.
L’aspect historique de cette fresque sanglante rend son visionnage absolument nécessaire !