En matière d’art, c’était un terrain facile pour que les Soviétiques ripostent… froidement. Avec Kin-Dza-Dza, ils s’attaquent à la science-fiction absurde, une exploration des grands terrains vagues de la Russie au goût d’inattendu, et pour cause : c’est Solaris Unchained, une débâcle joyeuse de voyages spatiaux grinçants et percussifs où l’on voyage de point en point comme on relierait les étoiles d’une constellation, avec aussi peu de carburant scénaristique que possible : il ne faudra pas chercher la raison au-delà de ce qui nous motive à visionner jusqu’à la séquence suivante.


Mais couci comme ça, comme les vaisseaux tout à fait anti-aérodynamiques élevant leur grâce de boîte de conserve dans des atmosphères extraterrestres, on finit par tout voir et se dire que c’est excellent, malgré la perte de vitesse dans les sous-sols rappelant Brazil et quelque cité-puits jodorowskyesque, et malgré l’apathie émotionnelle slave si difficile à percer.


Il est bon de voir un personnage russe rendu carrément obtus par sa fermeture d’esprit, un manque de pragmatisme tel qu’on se demande s’il ne s’agit pas d’une critique sociétale à proprement dit. Confronté au ridicule de coutumes rendues drôles pour le spectateur, le personnage de Stanislav Lyubshin ne sait faire montre de rien que d’intolérance, ce qui le rend ridicule, lui. Cela participe au loufoque ambiant qui lève initialement notre sourcil et nos doutes, et qu’on perd dans la seconde partie.


Trésor de la science-fiction simple où les effets très spéciaux valent largement Star Wars, Kin-Dza-Dza coûte la tolérance de sa sottise et de son manque de finition (ne serait-ce que des plans sur une planète supposée sans air où l’on distingue bien le vent dans les cheveux) pour se faire apprécier comme la digne preuve que les Russes ont gagné la course à l’espace avec Tarkovski, puis avec Georgiy Daneliya, mort ce 4 avril.


Quantième Art

EowynCwper
6
Écrit par

Créée

le 18 mai 2019

Critique lue 282 fois

1 j'aime

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 282 fois

1

D'autres avis sur Kin-dza-dza!

Kin-dza-dza!
artificier
8

Critique de Kin-dza-dza! par artificier

Il y a quand même quelque chose de fondamental, de plus en plus difficile à trouver aujourd'hui, ce sont les petites salles de ciné ou les domaines comme La Gaité Lyrique, qui permettent d'accéder à...

le 5 juin 2012

9 j'aime

1

Kin-dza-dza!
_Loïs_
7

Critique de Kin-dza-dza! par _Loïs_

Alors on a un film très étrange, et si on aime l'absurde on est vraiment servis (si oui foncez!) . Décors desertiques et des machines volantes metalliques, des barbares qui parlent en Kou et les deux...

le 11 mars 2018

2 j'aime

2

Kin-dza-dza!
YgorParizel
2

Critique de Kin-dza-dza! par Ygor Parizel

On voit bien ce qu'on voulu faire les auteurs et producteurs, leur version d'un univers à la Terry Gilliam époque Bandits, bandits et Brazil. Mais c'est complètement loupé voir carrément débile par...

le 27 janv. 2020

1 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 26 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3