Après deux films bien plus accessibles (La Favorite et Pauvres Créatures), Lánthimos revient à l'essence même de son cinéma. Un cinéma âpre, froid, radical et mal aimable, dépeignant des personnages profondément immoraux, et plongés au cœur de récits biscornus. Le réalisateur grec propose ici un triptyque de 3 moyens-métrages, abordant principalement la thématique du contrôle, de la toxicité, et des jeux de domination au sein des relations.

Malgré la réception globalement très mitigée du film, les 3 histoires m'ont personnellement paru assez plaisante à suivre. La gestion du rythme et du montage est particulièrement bonne, et les 2h45 défilent plutôt vite. Certes, Lánthimos semble un peu au point mort narrativement, et le film ne raconte pas grand-chose de nouveau. D'autant plus qu'il avait déjà traité cette thématique du contrôle et de l'ascendant psychologique avec Canine (en 2009), et Mise à Mort du Cerf Sacré (en 2017). Mais j'ai pris un vrai plaisir à suivre cette grande caricature, exposant ces êtres humains et leurs vices monstrueux, prêts à tout pour assouvir leur soif de reconnaissance. Jusqu'à des implosions morales atroces.

Le casting est impeccable, avec en tête de file Emma Stone, mais surtout, un Jesse Plemons génial en caméléon névrosé. Pour autant, le cinéaste semble vraiment régresser sur certains thèmes, et on pourrait presque croire que l'œuvre date déjà d'une dizaine d'années (grosso modo, entre Canine et Mise à Mort du Cerf Sacré). Après un Pauvres Créatures plutôt juste à ce sujet, Lánthimos retombe dans ses travers, avec une nouvelle utilisation particulièrement grossière et vaine du sexe à l'écran. Le long-métrage est trop souvent entrecoupé de scènes de nu inutiles, n'apportant ni caractérisations intéressantes, ni discours pertinent.

On sent que t'aimes (beaucoup) tes actrices Yórgos, mais c'est pas une raison pour parasiter en permanence la narration. D'autant plus quand ton film est déjà un sacré morceau de près de 3h. Dommage.


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le 9 janv. 2025

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