J'ai mis un bon moment avant de daigner m'intéresser à Kingdom of Heaven. J'avais autrefois tenté son visionnage, avant de stopper le film au bout de quelques minutes, peu emballée par l'atmosphère, et surtout le jeu d'acteur d'un Orlando Bloom que je ne suis capable d'apprécier que dans LOTR, voire Pirates des Caraïbes. Et encore. Et autant commencer par souligner le manque de charisme du dit personnage principal (au prénom particulièrement foiré, d'ailleurs), absolument pas crédible au cœur de cette fresque dantesque et au milieu de laquelle se baladent en toute sobriété Saladin et - un peu - Richard Cœur-de-Lion. C'est THE élément bancal du métrage. Malgré toute la bonne volonté de Ridley Scott pour donner un peu d'épaisseur aux protagonistes non-historiques, Bloom déçoit par son incapacité à incarner le souffle épique de son héros. Finalement, c'est bien la ville de Jérusalem elle-même qui parvient à lui voler la vedette, sublimée par une lumière particulièrement splendide, des plans maîtrisés et des scènes de bataille jouissives, réussies et crédibles.
Les personnages secondaires sont bien dosés, et adoucissent le lien entre ce pan de l'Histoire souvent méconnu et dénigré au profit des récents conflits au Proche-Orient, et des spectateurs potentiellement rétifs à l'idée de se pencher sur ce passé lointain. Il faut souligner un casting émaillé par quelques perles. En effet, malgré une Eva Green plus que dispensable et un Jeremy Irons que je continuerai de conspuer jusqu'à ma mort, on retrouve avec plaisir un Liam Neeson badass sans se forcer, un Brendan Gleeson qui semble se plaire dans les rôles d'époque, un David Thewlis très loin de Remus Lupin et un Edward Norton certes défiguré mais qui, même masqué, transmet la subtilité de son jeu par une gestuelle, une voix et une carrure toujours aussi efficaces. Les mentions spéciales seront réservées à Ghassan Massoud dans le rôle de l'impressionnant et stratège Saladin, et aux trop brèves apparitions de Nikolaj Coster-Waldau et Iain Glen, partageant l'affiche ensemble cinq ans avant leurs retrouvailles dans Game of Thrones.
Autant dire que ce sont bien ces visages amis et l'ambiance très "années 2000" de Kingdom of Heaven qui rendent son visionnage finalement aussi sympathiques, souligné par des dialogues intelligents et bien écrits. Une bonne surprise, une fois passé le ronchonnement initial, même si l'on pourrait regretter une absence de bande-son à la hauteur de l'histoire racontée (mais Harry-Gregson Williams était déjà visiblement coutumier de ses compositions inégales).
Un excellent divertissement, à ne pas manquer.