Faire une suite à Kingsman premier du nom, c’était un projet sacrément casse gueule. Parce que le premier n’attendait pas spécialement une suite, parce que justement ce premier opus avait obtenu un beau petit succès critique et financier.
Mais bon, avec toujours Matthew Vaughn aux manettes et un cast qui a suivi (un peu trop, j’y reviendrais), cette suite était attendu avec autant d’excitation que d’appréhension.
Attention, je spoile à cor et à cri (oui, rien de moins)
D’abord le positif : le film est incroyablement bien rythmé, les 2h21 passent sans aucun souci. Les scènes de combats sont fluides, bien chorégraphiées, et possèdent une vrai dynamique particulière avec ces alternances de ralentis et d’accélérations.
Le scénario se suit bien, rien de foufou mais globalement ça passe, et la méchante incarnée par Julianne Moore ne fait pas pâle figure en comparaison du zozotant du premier film. Son plan est franchement marrant, et plutôt intéressant au vu de la montée en puissance des « légalisationnistes ». D’ailleurs, l’idée de délaisser le Royaume Uni pour rencontrer les cousins rednecks est une bonne idée, ça permet d’une part d’éviter trop les redites, et d’autre part de taper un peu sur les US, même si c’est un peu tirer sur l’ambulance ça ne fait pas de mal et c’est plutôt sympa.
Le casting est globalement bon, même si ça manque d’un personnage féminin fort à mon sens. Halle Berry fait plus de la figuration qu’autre chose, Channing Tatum a été survendu par le marketing, et Mark Strong confirme une fois de plus que c’est un excellent acteur.
Et puis surtout, le film est très drôle. Le président des Etats-Unis est complétement barré, Sir Elton John se met dans des états comme jamais on ne l’a vu, ça enchaine les petites piques (gentille) entre les deux pays, avec ce côté dandy pour les britanniques qui s’oppose au côté rustre des américains, rajouter à cela deux-trois blagues sales (mais alors vraiment sales), et ça donne un cocktail détonnant.
M’enfin tout n’est pas rose non plus dans le monde des agents secrets.
Et je voudrais revenir particulièrement sur le retour de Colin Firth. Si pour le coup il n’est pas si mal intégré que ça (même si en regardant un peu, on constate – mais c’est toujours le cas dans ce genre de film – que les gadgets créés sont ceux qui arrangent les scénaristes), ça pose quand même un problème. Et même deux.
Le premier, c’est que ça remet en cause une partie de la force du premier opus. Parce que shooter un personnage principal en cours de film comme ça, finalement ça ne se fait plus tant que ça, et surtout ça avait marqué le premier film. Savoir qu’un personnage qu’on croyait mort sans aucun doute ne l’est pas, ça amoindri la portée de la scène. Et peut aussi cacher une remise en question des choix forts (que ce soit de la part du réal lui-même ou des studios), et ce n’est pas très bon.
L’autre problème, c’est que ça détruit une partie des enjeux du film. Pour le coup, cette suite n’hésite pas à tuer des personnages, qu’ils soient principaux, secondaires ou canins. Et savoir qu’à n’importe quel moment par je ne sais quel tour de passe-passe, le film peut te faire revenir un personnage que tu croyais mort, bah ce n’est pas le top quoi.
D’autres points m’ont un peu gêné aussi, notamment l’édulcoration qu’a subit cette suite par rapport au premier opus. Celui-ci ne prenait pas de gants, et sans glorifier la violence, arrivait à rendre un certain esthétisme de scènes sanglantes, chose que le second opus ne reproduit (quasiment) pas en supprimant la plupart du temps la vue du sang à l’écran.
Enfin, reste ce problème récurrent des suites à vouloir « reproduire » une scène culte du précédent (problème retrouvé également dans le dernier X-Men) : la frontière entre recopie et hommage est mince, et même si pour le coup ce second Kingsman s’en sort plutôt bien, c’est quelque chose qui a malheureusement tendance à se généraliser.
Au final, même si je me suis attardé plus longtemps sur les points négatifs, Kingsman : le Cercle d’Or reste un excellent divertissement, drôle et bien rythmé, qui se démarque de son ainé en poussant ses situations (que ce soit les combats comme l’humour) à l’extrême. Ce qui fonctionne malgré un léger sentiment de déjà-vu. La recette est bonne, mais attention à l’indigestion.