J'aime ces personnages et je veux à nouveau travailler avec eux, donc je vais probablement casser la règle qui veut que je ne fasse pas de suites.
Après avoir toujours refusé de réaliser les suites de ses films comme Kick Ass et X : First Class, voici ce que déclare Matthew Vaughn. Après le succès retentissant de Kingsman : The Secret Service, il était tout simplement impensable que les espions anglais les plus irrévérencieux de la planète ne reprennent pas du service, pour une mission dépaysante encore plus folle. Après la sophistication et le flegme britannique mis à l’honneur dans le premier volet, place ici au naturel et à l’extravagance américaine.
Matthew Vaughn s’accompagne une nouvelle fois de la scénariste Jane Goldman avec laquelle il a déjà collaboré à de nombreuses reprises. Si le premier opus avait vocation à présenter de manière relativement fidèle le comics Kingsman : The Secret Service de Mark Miller et Matthew Vaughn lui-même (et dessiné par Dave Gibbons), tout en invitant le public à suivre la formation de Eggsy en tant que recrue potentielle, Matthew Vaughn et Jane Goldman basent plus librement cette suite sur l’existence des services secrets américains nommés Oncle Sam dans le comics.
Les scénaristes écrivent vite leur histoire car Kingsman : The Golden Circle sort en 2017, soit seulement deux ans après le premier opus.
L’intouchable agence Kingsman fait les frais d’une menace qui éradique la totalité de l’organisation et par la même occasion multitude de ses agents : même Lancelot n’y échappe pas, Sophie Cookson faisant une apparition éclair ainsi que Michael Gambon dans le rôle de Arthur.
Les survivants de l’agence Kingsman vont devoir trouver de l’aide dans une autre agence. C’est le véritable intérêt de ce deuxième opus, élargir ce petit monde de l’espionnage plus riche qu'il ne le paraît et de proposer de nouveaux personnages hauts en couleur, en confrontant par la même occasion de manière toujours comique les méthodes anglaises conventionnelles et d’une précision redoutable avec les us et coutumes américains bien plus bruts et beaucoup moins subtils. À l'image des hommes de la Reine, Matthew Vaughn s’inspire ici des grands hommes d’État américains baptisés les Statesmen pour nommer la filiale outre-Atlantique.
Si les Kingsman empruntent les patronymes des Chevaliers de la Table Ronde, les Statesmen utilisent donc les appellations des grands alcools comme le démontre leur dirigeant Champagne, alias Jeff Bridges. Ginger Ale, quant à elle, tête pensante à l'image de Merlin, est interprétée par Halle Berry avec un rôle très différent de sa prestation en tant que James Bond Girl. Channing Tatum en Tequila et Pedro Pascal en Whisky complètent cette nouvelle équipe haute en couleur.
Côté Kingsman, Taron Egerton passe toujours avec le même naturel d’un jogging à un costume trois pièces. Chapeau. Mark Strong confirme s’il en était besoin qu’il excelle dans autre chose que les rôles de bad guys. Et on a la bonne surprise, même si elle est un peu tarabiscotée, de voir le retour de Colin Firth plus amusant que dangereux.
Notons le cameo amusant, en forme de running gag, de Sir Elton John.
Tout ceci fait que ces nombreuses présentations et ces premiers rebondissements imposent au spectateur quelques longueurs avant d'entrer dans le vif du sujet qui démarre pourtant et littéralement sur les chapeaux de roues dès ses toutes premières secondes. Une séquence détonante, proposant simultanément un combat épique en plans serrés entre deux hommes en voiture et une course-poursuite haletante en plans larges dans les rues de Londres, qui nécessite à elle seule deux semaines de tournage dans un taxi entièrement démontable.
Si il inaugure le long-métrage, Charlie toujours interprète par Edward Holcroft, désormais équipé d’un bras mécanique aux multiples gadgets, introduit également le nouvel ennemi juré des Kingsman et des Statesmen : Poppy Adams. Samuel L. Jackson passait déjà pour un illuminé à vouloir rendre folle la population mondiale avec ses puces de téléphones, mais Julianne Moore le bat à plates coutures quand elle décide avec un nouveau fléau de société de prendre en otage le monde, quand les utilisateurs de ses produits développent des symptômes mortels dans le but de demander la légalisation de son empire et réclamer une rançon auprès des grands dirigeants mondiaux en échange de l’antidote.
Le film est plus ambitieux et démesuré que son prédécesseur. Matthew Vaughn, qui officie pour la toute première fois sur une suite, estime l’exercice difficile car il doit reprendre tout ce qui a fait le succès du premier opus sans toutefois se contenter de le copier. Ainsi, pour aller encore plus loin, le film dispose d’un budget plus conséquent et nécessite de multiples effets spéciaux.
Avec toujours autant d'efficacité, la partition composée de riffs de guitare pour amplifier l’aspect western des Statesmen et de sinistres violons pour souligner la menace que représente Poppy est une nouvelle fois composée par Henry Jackman et Matthew Margeson tous deux à l’origine de la musique du premier opus.
Moins surprenant et trop délirant, Kingsman : The Golden Circle ne renouvelle pas l'exploit de la nouveauté, mais reste un divertissement de bonne facture aux défauts tout à fait pardonnables, porté par ses scènes toujours plus dingues et sa galerie de personnages allumés de plus en plus étoffée, qui réserve toutefois son lot de surprises et de rebondissements. Matthew Vaughn réussit à offrir ici une réelle continuité à la saga ainsi qu’à son protagoniste Eggsy. Les fans ont de quoi être satisfaits et les plus fortunés d’entre eux peuvent désormais se mettre dans la peau de leurs héros favoris en visitant la première boutique Kingsman ouverte en septembre 2017 dans le centre de Londres.