On connaît le réalisateur Matthew Vaughn notamment pour son ‘Kick-Ass’ décomplexé et percutant. Pour ‘Kingsman : The Secret Service’, il reprend la même formule, mais force et de constater que le récit est peut-être trop décomplexé.


En fait, les scènes censées être dramatiques sont à chaque fois désamorcées par un décalage humoristique. Il n’y a qu’à voir la scène d’introduction, où la mort du père d’Eggsy est précédée par un générique hyper kitsch accompagné de « Money for Nothing » des Dire Straits. Tout émoustillé qu’on est par cette entrée en matière, la mort du personnage qui déclenche le récit passe presque inaperçu aux yeux du spectateur. Il en va de même pour a mort de Lancelot, ou encore la séquence où Eggsy refuse d’abattre son chien et quitte donc l’aventure Kingsman, séquence rendue hilarante grâce au regard du chien.


Ces passages à la légèreté assumée sont certes amusants, mais empêchent également le spectateur de prendre véritablement au sérieux une partie du scénario. En particulier, l’entraînement des Kingsman semble plus être une corvée scénaristique qu’une valeur ajoutée, puisqu’on est à peine touché par la noyade d’une des candidates et que la majorité des épreuves sont éludées.


Au moins, cette tendance au fun est plus réussie dans la seconde partie du récit. Dès lors que le complot est révélée et qu’Eggsy est devenu un véritable agent, le réalisateur se lâche avec le personnage de Valentine, le second degré dans les punchlines, les décapitations en explosions artistiques, le chaos planétaire sur musique funky, la référence à ‘Shining’, les personnages terriblement badass et la scène finale culotée.


Lorsqu’il essaie d’être plus sérieux, ‘Kingsman’ propose également de très bonne chose, notamment à travers des scènes d’actions folles. Avec la course-poursuite trépidante en voiture ou le saut en chute libre, le film offre son lot de séquences spectaculaires. Mais c’est évidemment dans ses combats phénoménaux que Matthew Vaughn fait preuve d’une virtuosité prodigieuse. Des performances de Lancelot en introduction au combat final, on en prend chaque fois plein la vue. La palme revient évidemment aux plans séquences démentiels dans l’église, nouvelles références dans le massacre. La caméra court dans tous les sens, les images sont accélérées, les gadgets explosifs pleuvent, et chaque élément du décor est une arme : on en ressort essoufflé et secoué.


En revanche, on s’étonnera un peu du propos du film. La définition du gentleman qui y est donné se résume à porter des costumes et à donner l’air d’avoir de bonnes manières, alors qu’on assiste souvent à un étalage d’arrogance envers les classes moyennes. Même Eggsy, qui aurait pu faire contrebalancer cette vision finit par y adhérer complètement, en oubliant quasiment tout ce qui faisait de lui un personnage un peu marginal. Ce n’est probablement pas la peine de s’inquiéter réellement de ce message un peu sectaire au vue de l’atmosphère sans prise de tête qui règne tout au long du récit, mais cela reste surprenant.


Un défouloir divertissant, mais pas toujours convaincant.

Créée

le 28 mai 2015

Critique lue 395 fois

Kroakkroqgar

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