Film à part dans la filmographie de George A. ROMERO dont on connait d'avantage ses œuvres horrifiques et son apport aux films de zombies, cette curiosité ne manque pas d'attraits et mérite sans doute une réévaluation ou une plus grande publicité.


Transposant le mythe arthurien dans une Amérique qui clôt son utopie "flower power" qui n'a su résister aux contraintes de la réalité, mythe qui dans l'imaginaire américain incarne plus l'illustration d'une société progressiste, égalitaire, une forme de "rêve américain" de tous les possibles à la sauce moyenâgeuse.


Ici Arthur est le leader charismatique mais contesté d'un groupe de motards, dont la vie s'articule en un cirque itinérant offrant aux spectateurs des tournois où les destriers ont été troqués contre des motos. A travers cette communauté que s'évertue à organiser Arthur, renommé j'imagine pour des raisons de droits Billy, sur l'autel de l'égalité, on suit la petite vie de ses membres, dont chaque élément incarne l'un des personnages de la légende.


Costumés et équipés tels de preux chevaliers, les tournois se succèdent mais la dissension en son sein est de plus en plus présente, notamment à travers le personnage de Morgan. Dès lors lorsque des éléments externes viendront rompre l'harmonie déjà fragile du groupe en agitant face aux contestataires le mirage de l'argent, on constate à quel point l'utopie défendue par Billy n'a pas les fondations assez solides. La suite du film dans un dernier sursaut de défi renoue les liens des différents protagonistes, sans toutefois faire mystère de la fin inéluctable des idéaux des années 70, l'année de sortie du film sera d'ailleurs l'année de l'élection de Ronald Reagan qui mettra définitivement fin au rêve progressiste et égalitaire au profit d'une société individualiste, capitaliste et qui dominera tout, l'histoire le prouvera.


Film dont on ne pourra pas manquer de noter quelques faiblesses, des longueurs et des bégaiements dans un scénario manquant parfois d'ambition, certains personnages secondaires mal écrits, mais qui déploie outre une originalité de ton et une idée maîtresse forte une sincérité presque candide le rendant foutrement attachant, et si il parait dénoter dans l'œuvre de son réalisateur, à bien y regarder il se révèle peut-être comme étant son plus personnel du moins l'un de ceux dans lequel sa critique du capitalisme apparait comme la plus frontale.

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le 4 avr. 2024

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