Super idée, exécution foirée, Knights of Badassdom, c’est 1 h 26 de frustration. Le pitch de départ est plutôt fun : Eric (Steve Zahn) et Hung (Peter Dinklage) décident de soigner le chagrin d’amour de leur pote Joe (Ryan Kwanten) en l’emmenant faire une grosse session de un jeu de rôle grandeur nature. Le truc con c’est qu’une simulation de rituel débouche malencontreusement sur la libération d’une force démoniaque que nos sympathiques branleurs vont devoir combattre pour de vrai.
Si on sent, à la lecture du résumé, l’héritage de Sam Raimi et de son Evil Dead dans l’invocation involontaire et la malice de Edgar Wright et de son Shaun of the Dead dans la juxtaposition des histoires de cœur et d’un contexte apocalyptique ainsi que les jeux de complicité avec un public versé dans la culture populaire, il manque au final l’essentiel : de l’inattendu, de la folie et du rythme. Knights of Badassdom repose sur une bonne base, voire deux, si l’on prend en compte la sincérité de ses créateurs que l’on ressent malgré tout au fil du film, mais le fait est qu’assez rapidement on se retrouve en terrain connu. Les néophytes Kevin Dreyfuss et Matt Wall ne creusent jamais vraiment leurs idées et suivent finalement un schéma classique, les personnages sont assez caricaturaux, tandis que Joe Lynch propose une réalisation beaucoup trop sage pour ce qu’elle a à porter. On perçoit pourtant chez lui l’envie de dynamiser le tout, en utilisant par exemple des effets woosh comme l’aurait fait Edgar Wright, mais sans propos ni maîtrise derrière, ça reste mou et stérile.
Comme s’ils sentaient qu’il manquait quelque chose, les auteurs vont exacerber leur utilisation de références aux initiés... quitte à tomber dans la référence pour la référence : ce qui doit être un plaisir de lecture supplémentaire ou même un élément de scénario à part entière n’est ici qu’un artifice qui au final souligne surtout la faiblesse du récit.
C’est con. Vraiment. On voit clairement dans quelle direction les auteurs du film veulent aller, on voit que leur démarche est sincère, mais on voit encore plus leurs difficultés à en faire quelque chose. À noter que le film a connu quelques soucis de développement et de distribution et qu’il existerait une version director’s cut qui dormirait quelque part... qui sait.
En attendant, il faudra se contenter de Peter Dinklage en train de manger une photo avec une détermination badass.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/knights-of-badassdom
Ou sinon, je regarde juste les 37 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
Bagarre > Fait signe à son adversaire de s’approcher – Bagarre > Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte... – Contre-intuitif > Drague incongrue dans un moment de tension – Coolitude > Ado qui fait de l’air-guitare – Mort signifiée par le passage d’un doigt sur la gorge – Se regarde dans un miroir > contemplation – Surpris·e par une main amie posée sur son épaule – Tension > Fouille les toilettes les unes après les autres – Tension > Tape du poing sur la table pour passer sa colère
Personnage > Caractéristique
Blues > N’arrive pas à se remettre d’une rupture
Personnage > Citation
Commente > « Et en français, ça donne quoi ? »
Personnage secondaire
Croqué·e en plein milieu d’une phrase
Réalisation
Course-poursuite > Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins – Fin > Que sont-elles/ils devenu·es ? – Grammaire > Fast cut de préparation – Grammaire > Ralentis injustifiés et insupportables – Grammaire > Sauts de peur et hurleurs – Gros plan > Pieds d’un personnage battant dans le vide – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : SMS, mail, scores de match etc. – Ouverture ou fin > Gros plan sur un vieux livre – Ouverture ou fin > Voix off d’introduction ou de conclusion – Tension > Caché·e
Réalisation > Accessoire et compagnie
Mort hors-champ > Gerbe de sang qui éclabousse un mur, une vitre...
Réalisation > Audio
Bruit exagéré > Balles qui ricochent contre du métal – Bruit exagéré > Bruit métallique injustifié – Effet > Son métallique qui accompagne un jumpscare – Woosh > Objet jeté au ralenti
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Est éclaboussé·e par un fluide
Scénario > Dialogue
À voix haute > Se parle – Sous-entendu sexuel
Scénario > Élément
Truc oublié – Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
Trahi·e par : un éternuement, un bébé qui pleure, une sonnerie de téléphone, une branche qui craque, un objet qui tombe, etc. – Vieille légende, racontar, fait divers transmise à un moment ou à un autre...
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Outrage sexiste > Menstruation
---
Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais