Knights of Badassdom par 0eil
Longue hésitation pour la note, mais finalement, ce sera le couperet. Non mais. Faut bien avouer que le sujet de base m'était pas forcément sympathique : moi, je suis un rôliste, certes, mais j'éprouve une étrange aversion envers le GN. Certainement est-ce du au fait que ce que j'aime, dans le jeu de rôle, c'est sa capacité très littéraire à susciter toutes les situations possibles, à me permettre de jouer des personnages qui me sont totalement différents et même, à faire usage de dés pour simuler des compétences que je n'ai pas. Résultat, je peux être un grand orateur quand bien même je suis incapable de prendre la parole devant plus de dix personnes ou un ninja des enfers immortel, quand bien même je ne touche pas mes orteils (pas même en enfer). Dans un GN, tout est finalement tellement "terre à terre", il y a moins de place pour l'imaginaire (à mon sens, évidemment) et surtout, il n'y a pas le rempart de l'évocation : une fois une phase de rp close, la parole retombe, on peut sortir de son rôle, même l'espace d'un instant. Dans le GN, j'ai du mal à appréhender la distance sémantique entre le rôle et le rôliste. Enfin, tout ça, c'est des appréciations personnelles, mais du coup, le GN, très peu pour moi. Et pour le film, eh ben, je le sens mal.
Donc, le film débute sur Jason Stackhouse qui débarque de Tru Blood pour se faire plaquer par sa nana carriériste. Heureusement, il a pour pote Tyrion Lannister et un gars, grand enfant, riche apparemment et qui, du coup, peut s'adonner pleinement à son passe préféré : le GN. Du coup, ils droguent grave Jason et ce dernier se réveille en plein Grandeur Nature, à participer un peu contre son gré à cette aventure épique. Avec Tyrion, quand même. Le problème, c'est que le pote riche, lui, est un magicien de niveau 26, et désire passer 27. Pour se faire, il a acheté un livre hors de prix sur ebay, et se lance dans un imbitable sortilège qui, au lieu de provoquer l'admiration du Maître de Jeu, invoque une succube ressemblant étrangement à l'ex-petite amie et qui se met en tête de tuer tout le monde. Chose relativement déplacée, tout de même, mais facilitée par la chute soudaine de la nuit (bim) sur le terrain de jeu (qui fait, apparemment, deux cent kilomètres carré.
Bon, en termes formels, on est proche du zéro absolu : pas de recherche de photo, pas spécialement de maîtrise d'un scénario pourtant particulièrement débile. En plus, merci pour la visite, mais alors, encore une fois, vous aallez avoir votre comptant de forêt. On oublie que la forêt c'est gratos. Parfait. Et les effets spéciaux sont complètement aux chous (ah, la succube qui enfonce son poing dans le ventre de la victime et en retire son coeur... oui, en plein ventre, comme ça !). Heureusement, les acteurs ont l'air de s'amuser. Le pote Tyrion est complètement aux champis et raconte n'importe quoi, se marre bien à refiler des coups d'épée en mousse à Jason Stackhouse. Ce dernier d'ailleurs, je me demande s'il est vraiment idiot dans la vraie vie, mais en tout cas, il a l'air à fond, avec une sincérité que n'égalent que les pires actioners des années 90. C'est dire. On notera la présence de la jolie Summer Glau, au passage, pas spécialement exploitée. Je ne vous parlerai pas du final WTF, assumé par la production, bien moins par moi, en tout cas, parce que ça allait... vachement trop loin.
Non, en fait, ce que je reproche au film - et je m'en doutais, bordel, dès le lancement -, c'est qu'au final, le héros finit par trouver l'amour dans les bras de Summer Glau et tout deux arrêtent - bien évidemment - le GN. Par contre, le pote un peu décérébré, lui, maintenant qu'il est passé lvl 27, ne compte pas mettre fin à son activité, ah ça non. Voilà, encore une fois, on part de plein de bonnes intentions pour essayer de montrer le GN sans jugement, avec des blagues plus ou moins de bon goût durant une bonne partie du film et finalement, on finit avec un dernier tiers qui parvient à mettre les méga-pieds dans le plat, comme toujours. Un démon apparaît en plein GN, énorme et dégueulasse ? Oh, mais ces cons de Gnistes vont tenter de le tuer avec leurs épées en mousse, ils sont trop bêtes pour sortir du jeu. D'ailleurs, pour motiver le vrai-faux magicien à lutter contre le démon, Jason lui fait un sermon sur la fuite de la réalité mes couilles, faire enfin face mon cul sur la commode et être enfin un homme. Je n'aime pas le GN, certes, mais j'essaie au moins de ne pas me moquer d'un passe-temps qui réunit autant de gens passionnés, perso.
Voilà, au final, j'aurais presque pardonné à cette espèce de longue private joke entre potes d'être un peu un délire qui, à la limite, n'aurait jamais dû finir à l'écran (peut-être sur youtube, et encore !), mais le fait qu'encore une fois, on en arrive à une soudaine distanciation avec le sujet initial, pour s'en dégager comme s'il était impropre pour le personnage principal, m'a vraiment emmerdé. D'autant plus quand on se permet un final aussi débile. Ouais, des fois, j'suis vraiment un pisse-froid.