Chaque sortie de Shyamalan est un petit évènement personnel. Je me délecte par avance des critiques catastrophiques à son sujet avec ce sentiment que j’aime quelque chose qui est presque précieux et la plupart du temps caché.
Le pitch, comme d’habitude, ne doit pas être trop développé. On se contentera donc de ces quelques lignes : Un couple vit seul dans les bois avec la petite fille qu’il a adoptée. Un jour, des inconnus frappent à la porte et imposent leur présence. Sous la contrainte, le couple va devoir procéder à un choix cornélien.
On appréciera l’introduction toute en lenteur, en mystère et en contradiction inquiétante, puis l’installation des protagonistes et de l’intrigue dont le postulat est pour le moins surprenant. Le suspens fonctionne à merveille et l’on peine à savoir de quoi il retourne en vérité. En vérité. Car encore une fois, c’est vers la foi que nous mène Shyamalan. Croire ou ne pas croire. En Dieu. Au destin. Au conteur. À l’incroyable. Au surnaturel. Au discours manipulateur. À la candeur. Au récit. Au créateur. Au cinéma. Le film repose la question de la preuve et de la force de l’argument. Mourir pour appuyer son propos, est-ce la preuve que le propos est fondé sur la vérité ? Ou bien sur l’erreur ? Ou peut-être sur la folie ? Les habitués du cinéma de Shyamalan sauront que la vérité est à l’écran, celui qu’ils regardent et celui qui apparaît dans le champ. Pour autant, libre à eux de vouloir tomber dans le piège encore une fois. Quant à savoir où se place ce nouveau film dans la filmo de Shyamalan, il est probablement parmi les autres. Ni plus haut, ni plus bas. Le réalisateur continue sa relecture du cinéma de genre en s’essayant cette fois au sous-genre du « home invasion », truc bis s’il en est. Shyamalan continue de tracer son chemin presque indépendamment du système avec un casting discret et des moyens raisonnables. On appréciera particulièrement le jeu de la jeune actrice Kristen Cui. On louera aussi une mise en scène ample dans un décor étriqué. C’est toujours parfaitement maîtrisé et ça rappelle que Shy utilise le hors-champ comme personne. On pourra regretter le recours aux flash-back qui certes donnent du sens mais alourdissent le film. On imagine que ces informations auraient pu être amenées plus finement.
En clair, techniquement irréprochable et riche dans sa thématique, ce nouveau Shyamalan plaira à ceux qui l’aiment déjà et fera se gausser tous ceux qui le méprisent. Tout va bien donc.