Après Old (tiré d'une bédé), ce scenario est à nouveau une adaptation.
Moi j'avais beaucoup aimé Old, du coup je pars avec un bon a priori et puis direct je suis content : belle séquence d'intro avec Dave Bautista en golgote qui rempli le cadre. Des plan qui se rapprochent, puis débullent chelou (un peu trop d'ailleurs on commence à sentir le truc série B kitch)…
Et puis bim ça merde vraiment : dès qu'on voit la cabane dans un plan d'ensemble avec la petite fille qui s'enfuit, on a un problème avec la cloche à insectes en amorce. La distance entre celle-ci et la cabane n'est plus la même que ce que l'on voit au début du film (elle semble beaucoup plus loin dans la forêt).
Ce truc qui cloche avec la cloche, ça sonne le début des trucs qui marchent pas.
Knock at the Cabin ne va pas essayer grand-chose dans sa mise en scène et surtout ses rares originalités, il va les rater.
Film à la fois trop con et trop sérieux. Le meilleur qu'on aura à se mettre sous la dent c'est un pauvre reflet de soleil. Un vague machin qui éveille notre intérêt, stimule notre âme. Et ça reste à un niveau 10 fois en dessous que l'ombre d'un Alien de Signes ou que Bruce Willis qui se redresse dans incassable.
Le Fléau
Pensé comme un film de confinement, ce film de fléaux et d'enfermement pouvait parler de ce qui est nécessaire. Qui est nécessaire, qui doit rester, quels sont les actes nécessaires. Comment on s'entreaide.
Mais en fait non là encore c'est nul. On va se poser plutôt la question des actes nécessaires.
Ces 4 agresseurs, ils accompliront la violence qu'ils estiment nécessaire.
Au lieu de se poser la raison d'être du film, de l'humanité, "Knock at the Cabin" pose la question de la raison d'être violent. Pourquoi pas hein, mais la proposition qui est faite, que ce soit d'un point de vue moral, d'un point de vue purement de technique du récit ou même de la qualité du spectacle produit, juste elle pue la merde.
Croire
Shyamalan, c'est un cinéaste que j'affectionne énormément.
Ses films sont toujours habités par la question de la croyance, de la paternité et de la fatalité des maladies.
Ici on a ces 3 thèmes servis sur un plateau.
Mais encore une fois, "Knock at the Cabin" ne questionne rien, le film ne fait même pas une vrai proposition, il se contente d'assoir ses personnages et de leur dérouler un programme évangéliste à la con.
Même l'histoire contée par Dave Bautista elle a mille fois moins de panache que dans le moyen "La jeune fille de l'eau" ou que les digressions d'un Tarantino.
On gardera les maigres qualité d'un mec qui sait faire des films tout de même : la lumière et les cadres sont très corrects. Ce film est une très jolie merde il faut l'admettre.
On retrouve aussi avec plaisir cette place chelou de la TV qui prolonge l'utilisation qu'il en fait dans Incassable, Signes, Phénomènes, ou même la VHS de "6ème sens" et l'image vidéo de "The Visit". Mais bon ça n'ajoute rien à ce qu'il a déjà fait.
Apocalypse
Enfin il y a évidemment quelque chose à propos de la fin du monde qui fascine Shyamalan. A priori pas tant " par eschatologisme de curé mais plutôt par la charge émotionnelle qu'elle porte avec elle. C'est ce qui habite "Phénomènes" ou "Signes".
Mais déjà les 2 films cités sont parmis les plus moyens de son auteur, et en plus ici la tension ne fonctionne même pas. Parce que à part la surprise en mode Midsommar du premier meurtre, ben les autres mises à mort ou la disparition de leur Monde à eux tous on s'en bat les couilles.
On s'en fout de ces gens. On s'en fout de ce film.
J'aimerai ne pas finir désabusé et suivre une tendance de fond qui consisterait à s'en foutre de Shyamalan.
Dans une émission "Capture Mag" j'entendais peu ou prou les chroniqueurs dire que Shyamalan n'avait plus un talent à la hauteur de ses sujets. Je pense que c'est exactement l'inverse. Shyamalan, ici, ne met pas son talent au service d'un projet avec l'ambition d'un vrai grand cinéma fantastique. Il adapte mollement et proprement un torche fion pour ado protestant.
Deleuze jugeait la qualité des films de cinéma en fonction de leur "raison d'être". Knock at the Cabin a malheureusement davantage de raisons de ne pas être.