Ouf ! Après avoir enchaîné presque coup sur coup trois daubes, enfin un film ! Pas génial, pas grandiose : juste un film, réalisé avec soin et mené à vive allure. Sur une histoire assez incroyable et pourtant inspiré de faits réels, Jérôme Salle offre un récit au rythme soutenu, bien monté, peu flatteur vis-à-vis de la Russie mais également de la France, manifestement plus préoccupée par les relations internationales qu'à la vie d'un de ses ressortissants.
On sent qu'il faut parfois pousser le suspense au maximum, abusant un peu du « à une seconde près, on était tous foutus », cette étonnante histoire d'amour pouvant paraître un peu tiré par les cheveux. Mais en définitive, cela ne m'a jamais vraiment dérangé. Habiles et très efficaces, la mise en scène comme le scénario (la présence du romancier Caryl Férey n'y est clairement pas étrangère) fonctionnent, pas forcément « subtils », mais donnant une vraie intensité à cette vraie-fausse course poursuite à travers la Russie, trouvant le juste équilibre pour ne jamais s'éterniser dans un lieu précis ou tomber dans le manichéisme facile.
Enfin, Gilles Lellouche y trouve clairement un de ses meilleurs rôles, se révélant assez émouvant dans ce rôle ultra-positif, notre attachement à ce héros étant intact de la première à la dernière minute. Ni trop explicatif ni trop elliptique, « Kompromat » se révèle être un thriller de belle facture, confirmant la belle progression de son réalisateur depuis neuf ans et le convaincant « Zulu ».