À bien des égards, Skull Island avait toutes les cartes en mains pour faire de son héros, un des monstres matriciels du cinéma, le nouvel empereur d’Hollywood. Poussé par la volonté du studio d’hybrider cet emblème du cinéma fantastique avec Godzilla, le projet avait donné durant sa promotion de nombreux gages tant de sa volonté de respecter le mythe que de lui accoler l’imagerie bienvenue du Vietnam en général, et d’Apocalypse Now en particulier. De ces nobles intentions, il reste bien deux ou trois éclats dans le film de Jordan Vogt-Roberts, mais à la manière du funeste Suicide Squad, le gouffre entre l’œuvre qu’on nous a vendu et le produit projeté en salles est abyssal. On appréciera quand même la petite poignée de plans iconiques que recèle le film qui tentent régulièrement de nous faire croire au magnétisme quasi-divin exercé par Kong sur la nature environnante...


Le résultat est donc un bordel sans nom, réalisé au montage à coups de moneyshots et de punchlines par son jeune cinéaste venu du circuit indépendant (et donc malléable à loisir) qui a revu tous les classiques se déroulant pendant la guerre du Vietnam (Apocalypse Now, Platoon et Voyage au bout de l’enfer l’espace d’un plan-séquence dans un bar à putes de Saigon) et Jurassic World (avec une sorte de buffle géant faisant office de tricératops). L’ennui, c’est que les plus glorieuses de ses références se résument à des emprunts visuels qui, s’ils donnent aux images une facture old school appréciable et envoient quelques décharges d’adrénaline cinéphiliques (le ballet iconique proche de l’hystérie des hélicoptères en vol), ne dépassent jamais le stade de la citation, alourdissant une narration déjà pas aidée par un rythme incohérent...


Portée par un casting de rêve mais totalement ridicule et transparent, composé notamment de Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson et John Goodman, cette nouvelle adaptation du mythe de King Kong n’a donc pas pour prétention de réinventer l’eau chaude. En à peine moins de deux heure, le récit se paie ponctuellement le luxe d’offrir une belle image, voire un ricanement, pour qui n’en demande pas trop niveau blagounette. Sorte de toucher rectal effectué avec un indéniable doigté, le film est aussi détestable pour le cinéphile averti et fan des précédentes versions, que doucement supportable pour qui cherche à se rayer la rétine en se limant l’œsophage au pop-corn., c'est au choix !!!

Yoann_Carré
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma collection !!!, Les films les plus attendus de 2017 et Vus et Revus en 2019 !!!

Créée

le 24 mars 2017

Critique lue 310 fois

3 j'aime

1 commentaire

Yoann_Carré

Écrit par

Critique lue 310 fois

3
1

D'autres avis sur Kong : Skull Island

Kong : Skull Island
zombiraptor
5

Donc, et Kong ?

Olalalalalalalala. Bon bah voilà j'ai vu l'nouveau Kong. C'était pas bien. En gros le métrage ne sert à rien, s'esthétise à outrance pour rien, développe un bestiaire qui n'a ni pertinence, ni...

le 8 juil. 2017

92 j'aime

44

Kong : Skull Island
Velvetman
3

"Kong" comme la lune

Les blockbusters bestiaires commencent de plus en plus à fleurir dans le jargon hollywoodien, notamment quand celui-ci se réapproprie les mythes du passé. Quand ce n’est pas Gareth Edwards qui marche...

le 13 mars 2017

82 j'aime

4

Kong : Skull Island
guyness
4

Argent de liaison

Un peu trop longtemps, j'ai cru que les scénaristes hollywoodiens avaient perdu leur mojo à cause surtout d'un problème de rythme. Leur savoir-faire, ayant pris la forme d'un talisman finement...

le 12 mars 2017

80 j'aime

23

Du même critique

Mad Max - Fury Road
Yoann_Carré
10

" Fury " désertique !!!

L’espoir est un leurre, prévient Max (Tom Hardy ), version boursouflée et désabusée du Max jadis interprété par Mel Gibson. Sans doute cette formule pourrait-elle résumer à elle seule Mad Max : Fury...

le 15 mai 2015

18 j'aime

2

Edge of Tomorrow
Yoann_Carré
8

" TRY AGAIN !!! "

Encore une fois, le monde s'écroule, dévasté par des extraterrestres ! Les grosses productions américaines ont la mauvaise habitude de se répéter, mais celle-ci fait de la redite son atout. Envoyé...

le 12 févr. 2023

17 j'aime

13

Les Fils de l'homme
Yoann_Carré
10

L'odyssée de l'espèce !!!

La ville est sous tension, proie d'attentats, soumise à la surveillance policière. Les trains y sont lapidés par de pauvres errants. A peine franchie la barrière des faubourgs s'impose le spectacle...

le 20 sept. 2015

17 j'aime

2