Qu'est ce que l'Homme ? Quelle est sa place sur Terre ? Cette place est-elle la bonne ? Ces trois questions traversent Koyaanisqatsi sans jamais être évoquées directement dans les quelques 90 minutes que dure l'expérience. Et pourtant, au travers du collage d'images, au travers de la partition sublime de Philip Glass, le documentaire transmet quelque chose de magnifique, quelque chose de profond, voire quelque chose de métaphysique. L'histoire de l'humanité résumée en trois plans d'abord, dans un dispositif rappelant le 2001 de Kubrick, et puis le vide de la nature, beau, impérial, immuable, et la caméra devient alors l'œil d'un Dieu créateur, position qu'elle tiendra même lorsque est introduite l'humanité, en même temps que le profond cri d'alarme écologique que pousse le film, résumé à la fin par l'explosion d'une fusée au sommet de sa gloire. Et puis il y a l'aliénation. Ces colonnes de voitures, d'êtres humains, ces chaînes de production interminables et inarrêtables montrent une machine fonctionnelle, comparée à un système informatique. Et si le métrage cite certains de ses prédécesseurs, notamment le Solaris de Tarkovski, l'essentiel du propos se trouve dans la scène finale, sur le Prophecies de Philip Glass donc, qui finit de dépeindre à l'univers entier ce qu'est l'humanité à l'instant T : dans ce système parfaitement fonctionnel, cette machine bien huilée, les choses peuvent elles continuer ainsi ? La réponse est non. Et les individus sont-ils heureux ? Ceci reste à l'appréciation d'un spectateur mis en face de lui-même par un film monstrueux tant il touche au réel avec un ton sacré.