Loin d'être tout blanc
Il fut un temps où la Warner était LA maison de production « engagée », n'hésitant pas à aborder des questions sociétales ou des sujets sensibles. C'est exactement le cas ici, condamnation...
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le 23 déc. 2020
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Il fut un temps où la Warner était LA maison de production « engagée », n'hésitant pas à aborder des questions sociétales ou des sujets sensibles. C'est exactement le cas ici, condamnation sans ambiguïté du Ku Klux Klan, sans jamais tomber dans le manichéisme ou la facilité. Au contraire, j'ai été séduit par la manière dont Stuart Heisler mène son récit (il serait également intéressant de savoir l'influence de Richard Brooks, scénariste, sur l'ensemble du projet), construit dans une « logique thriller » tout en ne négligeant jamais la dimension sociale, palpable du début à la fin. Le réalisateur associe totalement cet embrigadement à un besoin d'appartenir à un groupe, à faire partie d'une communauté, à exister à travers elle.
Si quelques-uns sont particulièrement détestables, la plupart sont souvent de bons pères de famille sans histoire ni haine, des « monsieur tout le monde » n'aspirant qu'à une vie tranquille, semblant à peine se rendre compte de la dimension profondément abjecte de cette société secrète. Sans doute un cinéaste plus talentueux aurait pu amener le projet vers des sommets d'intensité, de puissance émotionnelle, le comportement et les réactions de certain(e)s pouvant surprendre, pas toujours adaptés à la situation. L'interprétation, correcte et proposant plusieurs contre-emplois intéressants, manque également de brio.
Mais l'engrenage dans lequel est pris l'héroïne et son dilemme moral, bien qu'un peu surligné, sont menés efficacement, offrant quelques scènes remarquables, d'une violence étonnante pour l'époque, notamment dans la dernière ligne droite
(la flagellation de Ginger Rogers, saisissante, la mort de Doris Day (enceinte, sacrilège ! Rare de voir Hollywood aussi audacieux)),
ponctué de quelques touches étonnamment plus légères
(lorsque Ronald Reagan ridiculise les membres du Klan cherchant à l'intimider sous leurs uniformes, sans penser qu'il reconnaîtrait la voix de chacun d'entre eux).
En tout cas, même si le climat politique a évidemment beaucoup évolué depuis (quoique), voilà un titre écrit avec soin et intelligence (et tant pis si ce n'était pas l'histoire à laquelle je m'attendais!), très intéressant, notamment, par sa capacité à traiter intelligemment un sujet plus complexe qu'il n'y paraît et à dénoncer le danger des masses lorsque celles-ci sont prêtes à tout pour obéir à une idéologie mortifère. À découvrir.
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le 23 déc. 2020
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