Que les films de Takeshi Kitano ne soient plus distribués dans les salles françaises témoigne sans aucun doute d'une baisse de qualité du réalisateur japonais dont la grandeur des années 90 semble bien éloignée. Ceci dit, une œuvre comme Kubi n'est pas sans intérêt, eu égard aux beaux restes du cinéaste dès lors qu'il s'agit de filmer d'intenses batailles, dans un XVIe siècle qu'il investit avec vivacité, assimilant le code d'honneur des samouraïs à une vaste plaisanterie, eu égard à leur soif de pouvoir. Kubi se nourrit d'ironie, d'un humour morbide et d'un festival de cruauté, avec moult décapitations à la clé. Beaucoup de têtes en l'air, donc, et une intrigue à peu près indéchiffrable, à base d'alliances et de trahisons successives. Ce dont on se fiche bien car le spectacle est permanent dans l'outrance, gore mais pas trop, avec son lot de psychopathes et de personnages aux sombres desseins. Kitano, lui-même, interprète le plus matois de ce cénacle de samouraïs engagés dans d'obscures luttes intestines où il n'est pas question de faire des prisonniers. Trancher le cou de ses ennemis semble bien être l'ultime jouissance de ces farouches combattants dans cet opéra baroque et grotesque qu'est Kubi.