Les studios Laïka sont peu connus et c'est malheureux car leur travail est merveilleux. Travis Knight, fondateur du studio, signe en 2016 sa première réalisation avec KUBO ET L'ARMURE MAGIQUE. L'histoire d'un jeune conteur borgne, Kubo, en quête d'identité qui doit fait face au mystère de son héritage dans un Japon féodal et mystique.
La première chose qui frappe c'est que, bien qu'il soit fait en stop-motion, la réalisation jouit d'une lisibilité et d'une fluidité incroyable. La contrainte technique ne limite jamais ni la mise en scène de Knight et le travail titanesque des animateurs ni l'esthétique sublime du métrage. Au contraire, il l'utilise pour déployer des idées formelles et scéniques novatrices et intelligentes si bien que le langage cinématographique l'emporte sur tout. En cela, le film est bien aidé par un découpage et des cadrages réfléchis. La direction artistique minimaliste, autant des personnages que des environnements, viendra entériner le fait que KUBO possède un univers visuel extrêmement riche. En conséquence, on se retrouve devant des séquences extraordinaires et ça dès son introduction dans une mer déchainée mais aussi lors des différents combats et d'une hypnose aquatique. L'autre énorme point fort technique de KUBO est son travail sonore. Tant la partition de Dario Marianelli, épique et émouvante, que le design sonore aux petits oignons ravissent les oreilles à chaque instant. Et le très beau générique se fera même sur la reprise de "While My Guitar Genly Weeps" des Beatles par Regina Spektor, que demander de plus ?
Hormis ses qualités techniques, l'histoire de ce jeune borgne courageux est émouvante, abordant des thèmes universels tel que le souvenir, la famille ou encore la résignation permet une identification forte. Ainsi, on s'attache vite à Kubo et son humanité, sa quête devient la nôtre malgré son classicisme - elle reprend toutes les étapes du monomythe campbellien. L'émotion pointe alors régulièrement le bout de son nez au détour d'envolées lyriques suspendus dans le temp. Mais aussi et surtout car Travis Knight et ses scénaristes abordent assez frontalement leurs thématiques, notamment la perte et le deuil.
Une belle réussite et parfaite entrée dans l'univers de l'animation en stop-motion !