Laika: Un studio d’animation peu médiatisé en grande partie connu pour les films d’animation Coraline et L’Etrange pouvoir de Norman. Puis après ces deux films d’animation, très peu de gens mentionnent ce studio d’animation car il reste méconnu contrairement à des géants comme DreamWorks, le département animation de la Fox, Pixar existant depuis plus de vingt ans ou encore Walt Disney Pictures qui, lui, a déjà plus d’un siècle. Et pour cause, au moment où cette critique est écrite, Laika n’a que quatorze ans. Pourtant, Laika est toujours en activité mais ses films passent souvent inaperçus car écrasé par d’autres studios d’animation connus.
L’une des victimes de cet écrasement est Kubo et l’Armure magique. Si ce film a trouvé son public en France, le public du reste du monde a préféré aller voir Zootopie (ayant remporté l’Oscar du meilleur film d’animation vainquant Kubo et l’Armure Magique ayant eu tout juste droit à une nomination pour ledit Oscar) ou encore Vaiana: La légende du bout du monde (ayant eu une suite) sortis la même année.
C’est vraiment dommage car Kubo et l’Armure magique a beaucoup à offrir.
L’histoire est celle-ci: Dans un pays aux allures de Japon médiéval, un enfant borgne nommé Kubo veille sur sa mère semblant sans conscience mais ayant des élans de lucidité durant la nuit. Afin d’avoir de quoi survivre, Kubo raconte des histoires à l’aide d’origamis qu’il anime à l’aide d’un shamisen (instrument de musique japonais) magique. Un soir, Kubo, lassé de la consigne de sa mère de ne jamais sortir quand il fait nuit, décide de rester dehors au coucher du soleil espérant communiquer avec l’esprit de son père: le samouraï Hanzo. Etant donné qu’il faut un élément perturbateur à chaque histoire, la désobéissance de Kubo provoque une catastrophe: celui qu’on appelle le Roi-Lune et ses filles tyranniques tentent de voler le deuxième œil de Kubo. Comme de nombreuses mères des fims/séries d’animation (et destinées à un public enfantin/infantile), la mère de Kubo clamse au nom de «l’amour maternel» pour sauver Kubo.
_c’est c*iant l’obsession de la fiction à vouloir tuer les mamans. Heureusement qu’il y a des exceptions comme Elinor, la mère de Mérida dans Rebelle, et Valka dans Dragons 2 qui, elles, sont vivantes du début à la fin des histoires et ont même des liens avec les protagonistes des histoires_
Voilà donc le petit enfant borgne contraint de mener une quête pour trouver une armure magique afin de mettre fin à la menace du Roi Lune et ses filles qui, en plus, de vouloir voler l’œil de Kubo pourraient être des menaces pour le monde.
Dit comme cela, Kubo et l’Armure Magique est manichéen. Mais ce qui rends le film intéressant, c’est le fait que des anciens méchants du passé devenus gentils dans le présent montrent que les erreurs des générations d’avant peuvent avoir des conséquences sur les générations suivantes. C’est le cas des parents de Kubo ayant eu une histoire à la «Roméo et Juliette» dans un monde où ils devaient être ennemis mais dont l’histoire, au lieu de se terminer en tragédie, s’est achevée en une fin amère.
En ce qui concerne les autres personnages, ils sont classiques mais divertissants. Les adjuvants comme Madame Singe et Scarabée forment un bon duo de sidekicks aux personnalités opposés avec une figure maternelle bienveillante mais trop protectrice et un substitut de père zinzin et imprudent. Tous deux ont de bons moments comiques divertissants faisant sourire durant l’histoire. Quant aux opposants: les deux jumelles maléfiques sont limitées à des méchantes très méchantes mais sont imposantes à chacune de leurs apparitions grâce à leurs silhouettes flottantes et leurs masques peu rassurants dignes de masques de kabuki. Quant au Roi-Lune…À vous de voir le film pour vous faire une idée de lui.
En ce qui concerne Kubo lui-même, c’est le stéréotype de l’enfant-guerrier courageux doué pour se battre mais n’ayant pas eu d’enfance à cause d’un background tragique mais aussi parce que la joie n’est pas à portée de mains dans son monde (un stéréotype qu’on retrouve souvent aussi chez les pré-adolescents/adolescents dans certaines fictions japonaises). Mais ce qui rends Kubo intéressant est que, malgré son «caractère stéréotypé», le film nous montre que Kubo reste un enfant ayant besoin d’affection et d’amour pour mûrir voire survivre afin de devenir un «être complet». De plus, le fait que Kubo soit un enfant borgne est bouleversant car il est rare dans la fiction de voir un héros, et surtout un enfant, mutilé dans une fiction destinée à un public enfantin/infantile.
Puisqu’on parle des personnages, parlons de leurs voix. Kubo est interprété par Kylian Trouillard qui en était à ses débuts dans le doublage au moment de la sortie du film. Madame Singe a la voix de Sophie Broustal, Scarabée a la voix de Jérôme Pauwels, les méchantes jumelles sont interprétées par la même actrice, à savoir Julie Cavanna et pour ne pas spoiler, la voix du Roi-Lune ne sera pas mentionnée. Les personnages tertiaires sont interprétés par Jean-Jacques Nervest, Patrick Simon et Ève Lorrain. Continuons dans l’ambiance sonore en parlant de la musique. Bien que Dario Marianelli n'ait pas composé de leitmotiv marquant, ses compositions sont parfaites pour l’ambiance du film: en particulier durant les scènes avec les origamis et les méchantes jumelles.
Par contre, la chanson du générique du fin, si elle est écoutable, est dispensable car est trop hors-sujet par rapport à l’ambiance du film.
Visuellement, le film est beau. L’ambiance Japon médiéval est immersive et chaque seconde du film est un régal pour les yeux.
Néanmoins, malgré ses qualités, Kubo et l’Armure Magique a des défauts. Le principal problème du film est qu’il es trop court pour l’histoire qu’il tente de raconter. Résultat, certains potentiels développements de personnages intéressants passent à la trappe durant l’histoire. Ensuite, un autre aspect faisant grincer des dents est, hélas comme dans de nombreux films américains se déroulant en dehors de l’Occident, le whitewashing. Espérons que cela disparaîtra un jour.
De plus, la fin du film est frustrante.
Bref, Kubo et l’Armure Magique est, malgré ses défauts, un film réussi dans son ensemble et mériterait plus de reconnaissance car il est, non seulement divertissant, mais aussi poétique.