La première chose qui choque dans ce Kung-Fu Panda 2, c'est que si le premier opus était a priori destiné à un public adulte, avec des références affichées (la série Kung-Fu avec David Carradine, pour ne citer que celle-ci), le deuxième apparaît vraiment comme un grand film d'aventure(s) pour enfants. Il y a une histoire simple mais riche en rebondissement, des symboles faciles à appréhender et toujours ce rapport à la famille et à l'amitié qui paraitront désespérément ringards à tous ceux qui ont grandi trop vite.
Pour les autres, biberonnés au Club Dorothée et ses dessins animés, bercés par les Disney du début des 90's, il peut y avoir un petit plaisir coupable à se plonger dans ce film avec son âme de gosse, comparable avec ce que l'on avait pu voir l'année dernière dans Summer Wars, avec sa partie complètement épique de koi-koi hanafuda. Car si Dragons, le précédent Dreamworks, empruntait beaucoup aux grands classiques Disney dans sa structure narrative, Kung-Fu Panda 2 y ajoute un sens de la grandiloquence typique d'une certaine production japonaise. Si quand vous étiez môme vous vous extasiez devant Sangoku prenant 6 épisodes pour préparer un Genkidama, le film, à de nombreux égards, et tout particulièrement la fin, vous parlera. Dans cet opus, Pô est dans une véritable quête initiatique, entre la recherche de son passé et le dépassement de soi ; un détail qui peut sonner ringard ou que l'on a l'impression d'avoir déjà vu des centaines de fois, mais pas tant que ça ces dix dernières années, quand on y réfléchit.
Donc voilà, je l'avoue, j'ai pris un grand plaisir à placer mon cerveau en mode "gamin" le temps du film, mais c'est aussi une petite satisfaction de voir que les vrais gamins d'aujourd'hui sont tout aussi friands de ce genre d'histoire, et que l'on pourrait revenir à des films un peu moins puérils pour nos chères petites têtes blondes. Car même s'il est avant tout destiné aux enfants, Kung-Fu Panda 2 n'en oublie pas moins d'être intelligent. Il y a certes deux-trois gags faciles (dont l'incontournable resucée de la grimace au ralenti, qui apparemment fait encore fureur auprès du public), des scènes d'action parfois trop tarabiscotées pour être honnêtes, mais dans l'ensemble le film est très inventif et varié (la référence à Pac-Man est véritablement excellente), il ne se contente pas de fournir des successions de gags bas de gamme, et se concentre même davantage sur l'histoire quand il le faut.
Le petit plus qui fait mouche, c'est que le long-métrage est desservi par une superbe direction artistique. Même s'il n'arrive pas encore au niveau des productions Pixar, techniquement parlant, le film se démarque par une esthétique vraiment réussie et qui en met facilement plein la vue. Les décors sont grandioses, les couleurs chatoyantes, les personnages sont tous très charismatiques (c'est d'ailleurs une très bonne idée d'avoir placé les cinq furieux au premier plan avec Pô, après leur cruelle sous-représentation dans le premier épisode), il y a une véritable âme mystique qui plane au-dessus de cet univers, et le fait d'avoir engagé Guillermo Del Toro comme consultant artistique ne doit pas être étranger à cette réussite. Côté bande-sonore, c'est un peu plus fade, avec une bande originale labellisée Zimmer-Powell pas vraiment mémorable, et une Vf parfois trop infantilisante peut-être. Á voir en Vo de toute façon, ne serait-ce que pour Jack Black.
Finalement, on ne tient peut-être pas le film de l'année mais l'essai est transformé pour ma part. L'histoire est certes très prévisible et quelques scènes sont parfois too much, mais l'aventure est menée tambours battants, avec un bon rythme, de bonnes trouvailles visuelles (les flash-backs de Pô sont très réussis) et des personnages attachants. Et, à l'instar de ces maîtres de kung-fu désemparés face à l'apparition des armes à feu, on ne pourra s'empêcher de voir ce Kung-Fu Panda 2 comme une dernière rare et honnête tentative de proposer un film intelligemment conçu aux touts-petits, là où tant de contemporains se réfugient dans la bassesse du gag facile.