Thomas Vinterberg, le réalisateur de Festen, à la tête d'un long-métrage racontant le naufrage du sous-marin russe Kursk ? C'est a priori un peu étonnant, même s'il a tourné dans le passé Submarino (qui n'avait rien à voir). Intéressant en tous cas de voir si le cinéaste danois réussit à signer un film qui garde des traces de l'auteur qu'il est (a été ?) dans le cadre de cette grosse production internationale avec des stars dans le casting et la langue anglaise pour tout le monde, ce qui est tout de même gênant quand il s'agit de faire s'exprimer des personnages russes. Soyons indulgent, Vinterberg se tire de l'épreuve avec les honneurs, équilibrant à peu près son film entre primo, les marins russes au fond de la mer ; secundo, les secours des russes et des britanniques ; tertio, les familles à quai et inquiètes. Il n'y a pas beaucoup de suspense si l'on connait déjà l'épilogue mais on attendait surtout le film sur le terrain de la critique des autorités russes face à l'urgence de prendre des décisions, notamment au plus haut niveau de l'Etat. Faute de voir Poutine (il semble que c'était prévu, mais finalement ...), les décisionnaires d'une flotte russe qui a bradé ses vaisseaux au plus offrant en prennent effectivement pour leur grade. Assez classique dans sa narration, le film réussit parfaitement à symboliser cette tragédie doublée d'un incurie à travers les yeux et le silence d'un enfant. C'est moins spectaculaire que le feu qui embrase l'intérieur d'un sous-marin (ces types de scènes sont bien présentes dans Kursk) mais c'est bien plus subtil et intelligent quand il s'agit de tirer des leçons d'un événement que l'on peut considérer comme un scandale étatique.