En filmant des adolescents qui se radicalisent, sans expliquer (puisqu'il n'y a pas d'explications), critiquer, ou politiser, André Techiné capte finalement tout autre chose : une jeunesse qui se gâche, et en en saisissant de beaux instants de vie (une danse, un match de foot, un dîner en famille), saisit également leur pendant, et la vision d'une croyance extrême habitée par la mort, la sienne et celle des autres.
C'est parfois maladroit (le film est peut-être trop court, en apparence anecdotique), c'est parfois superbe (l'alternance entre des quotidiens aux antipodes et un prêche clandestin, le retour à la nature
- la scène finale de cueillette- ), car Techiné raconte en fait une histoire d'amour (presque) maternel blessé avec ce que ça comporte de tourments : peur, mensonge, douleur,... Le tout bercé par la superbe composition d'Alexis Rault.
Kacey Mottet-Klein et Oulaya Amara, aux visages fermés, durs, mais en proie malgré tout à leurs doutes et peurs, sont très bons, et Deneuve, en grand-mère aimante mais perdue, est particulièrement touchante.