Giallo ou pas ? Questa è la domanda... Ce genre transalpin est défini de manière suffisamment floue pour y ranger de nombreux polars ou thrillers vénéneux. "La ragazza dal pigiama giallo" est fréquemment considéré comme à la lisière du genre, car il en coche très peu de case.
Ici, pas meurtres en séries, ni du tueries très graphiques. Pas (trop) de coup fourrés entre bourgeois. Et la police est même au centre du récit, alors qu'elle est d'habitude complètement laissée de côté dans les gialli.
Néanmoins, on retrouve une ambiance crapuleuse, et quelques éléments assez graphiques. Le film s'inspire en fait d'une affaire criminelle célèbre de l'Australie des années 30 : le cadavre à moitié brûlé d'une jeune femme, retrouvé sur une plage.
L'intrigue se déroule ici dans les 70's, mais les producteurs ont tout de même filmé près de Sidney, dépaysement inattendu pour une production italienne ! Conséquence : dans la version que j'ai vue, les radios et TV sont en anglais, mais tous les protagonistes sont doublés en italien, même ceux censés être des autochtones...
Clairement, les deux premiers tiers sont un peu mous. D'un côté, une enquête policière qui piétine, où l'on retrouve Ray Milland (!) en inspecteur retraité malicieux. Mais plusieurs ellipses empêchent d'établir un vrai rythme. De l'autre, la chronique d'une jeune femme volage, que le spectateur soupçonnera être la future victime. Sauf que cette étude de moeurs (légères) peine à vraiment passionner.
Heureusement, le dernier tiers donne tout son sens au film. Avec quelques scènes surprenantes, et un scénario qui exploite bien les ellipses précédentes pour construire un suspense. On retrouve aussi des thématiques finalement assez profondes.
D'une part, celle du statut des immigrés, ce qui explique le choix d'avoir situé le film en Australie. D'autre part, les relations hommes / femmes, et la manière dont les hommes perçoivent les femmes très libres de leur corps.
A ce niveau, le film m'a étonnement fait penser à "La Nuit du 12" (police qui patauge, victime volage brûlée...). Et son propos presque féministe est très moderne. Du moins je l'interprète ainsi, pas sûr qu'il ait été conçu comme tel à l'époque.
Je relèverai d'ailleurs deux scènes particulièrement glauques et réussies, que la BO semi-électro vitaminée de Riz Ortolani relie très bien formellement.
Le corps brulé de Glenda, littéralement exposé à la vue de tous les voyeurs pour tenter de l'identifier. Et plus tôt dans la chronologie (plus tard dans le film), Glenda qui accepte contre quelques dollars de subir les assauts d'un trio dépravé dans un motel. Vivante ou morte, son statut d'objet sexuel semble ainsi peu changer !
Le résultat final est donc assez surprenant, il est juste un peu dommage que deux premiers tiers n'aient pas été mieux fignolés.