L'Affaire SK1 par Charles Dubois
Adapter des événements récents et traumatisants est toujours délicat. L'affaire SK1 y arrive pourtant, avec brio.
Le film ne verse jamais dans le pathos, n'exagère jamais, se contentant d'un réalisme glaçant, à l'image des scènes de crimes, reconstituées de la manière la plus déroutante qui soit.
Malgré sa construction en flashback/flashforward, qui reste son majeur défaut, le film se contente de montrer les faits, et de s'immerger sans longueur dans le quotidien de cette équipe de policiers qui durant une décennie aura couvert cette affaire, non sans douleur.
On s'identifie rapidement et facilement à ses hommes et femmes de courage, tenaces et sensibles, qui mettent leur vie privée sur la table au service des victimes et de leurs familles. Grâce à l'interprétation délicate et impudique des acteurs (Personnaz, Gourmet et Vuillermoz en tête), le film ne sombre jamais dans les gros clichés que le sujet facilite.
On est loin du film policier français classique. Ici on vit, on tremble, on est passionné par ce film troué de séquences de procès passionnantes, grâce notamment à l'interprétation hallucinante d'Adama Niane, révélation troublante, habitant ce personnage plus que trouble qu'est Guy Georges, lui apportant une dimension humaine et profonde, bien loin de l'image de monstre absolu que les médias nous livrent, et donc d'autant plus troublant.
Même si les séquences avec Natahalie Baye et William Nadylam (ce dernier étant d'ailleurs très mauvais) sont de peu d'utilité, cassant même un peu le rythme, on est scotché à notre siège face à ce film dur et éprouvant, preuve d'un réalisme puissant, témoin de tranches de vies et de l'histoire récente de France.
Un souffle nouveau dans le cinéma policier français à ne pas louper !