Je trouve que c'est un film plutôt réussi.
L'histoire parle de la traque du "tueur de l'est Parisien", Guy Georges, par la police judiciaire du 36 Quai des Orfèvres. Guy Georges est recherché pour le meurtre et le viol de 7 jeunes femmes. Les événements se déroulent dans les années 90.
Le film ne montre pas les évènements de manière chronologique ; le montage alterne entre le procès de Guy Georges d'un côté et l'enquête policière (et la traque) de l'autre. Ce procédé peut décontenancer, mais, ne connaissant quasi-rien de cette histoire à la base, je n'ai pas trouvé qu'il nuisait au suspens. Au contraire, dans la mesure ou une grande partie de l'enquête est au départ très éloignée de la piste de Guy Georges, ce qui fait que, lorsque dans le même temps on voit son procès, le doute s'installe, et on a envie de savoir comment il s'est retrouvé là et s'il est le vrai coupable. Et ce d'autant que les scènes tournant autour du procès, centrées sur les deux avocats de Guy Georges, montrent le caractère humain de celui-ci, alors que les scènes de l'enquête, centrées sur le personnage du policier Franck Magne, montrent (de manière plutôt crue il faut bien le dire) la barbarie du meurtrier. Le film atteint un sommet d'intensité lorsque ces deux parties, parallèles pendant tout le film, se rejoignent à la fin, avec les aveux de Guy Georges à la Police d'une part et lors de son procès d'autre part. Ces scènes en particulier mettent en valeur l'interprétation magistrale du personnage de Guy Georges par Adam Nyane. Rien à redire sur le reste du casting.
Ce film n'est pas sans défauts, et n'exploite peut-être pas tout le potentiel d'une telle histoire. On est loin d'un thriller à l'américaine, et on retrouve de nombreux aspects d'un téléfilm franchouillard ou bien d'un "Faites entrez l'accusé" de luxe. Mais je le trouve néanmoins assez réussi, par l'intensité qu'il dégage, et ce (à mon avis) sans trop de longueurs. On peut certes regretter certains moments de flottement, où le rythme est plus lent, mais, même quand l'enquête fait du sur-place (ce qu'il faut après tout bien retranscrire aussi), j'ai trouvé que c'était plutôt bien maîtrisé, notamment grâce à cette "double narration" qui apporte des respirations bienvenues à certains endroits. Le tout sans trop d'effets, de clichés, de violence (si ce n'est celle, froide, des scènes de crime), et d'un réalisme scrupuleux. On reste pris par l'histoire.