Quand j'avais vu ce film à sa sortie sur grand écran en 1976 (ou peut-être 1977), j'avais été très impressionné. Depuis que je l'ai en DVD, j'ai dû le revoir deux fois.
L'effet est moindre d'abord à cause de la taille de l'écran de télé mais certainement parce que le mode "post-apocalyptique" a quand même été pas mal rebattu depuis. A cette époque, pour rester dans la même thématique (un monde artificiellement préservé), il y avait déjà eu Zardoz, Soylent Green et le sujet était vraiment porteur …
Ensuite, en vrac, il y aura Hunger Games, Malevil, Matrix, Ultimate warrior et j'en oublie certainement.
Dans "l'âge de cristal", l'originalité et la crédibilité reposent sur la conception de cette société (souterraine) qui vit totalement en autarcie et, je dirais, en équilibre démographique. Pour ce faire, on meurt à trente ans ou plutôt, non, on est régénéré à trente ans dans une grande cérémonie festive, le Carrousel. On est régénéré et on est remplacé par une naissance. C'est quand même bien foutu cette société !
On a donc une société de jeunes hommes et femmes qui vivent heureux et insouciants, en bonne santé, complètement gérés par cette horloge biologique, le cristal de vie qui change progressivement de couleur. Et comme le programme biologique est parfait, tout le monde est beau et sain.
L'autarcie est gérée par des robots (je ne dirai pas comment) : ce qui fait qu'il n'y a même pas de prolétariat pour gérer les basses besognes. Pas de prolétariat, donc aucun risque de révolte, encore moins de grève. Ok, ça, c'est moi qui ai rajouté la conclusion, d'accord. Pardon. Mais, avouons que c'est quand même le pied, cette société ! Qu'on me cite une seule société sur Terre qui peut assurer une vie paradisiaque pour tous ? Une vie sans souci, juste pour le plaisir et le loisir.
Comme dira un limier, "it's simple, logical and perfect".
Ah oui, il y a des limiers … Oui, parce que même dans une société parfaite, il y a ceux qui se méfient, qui doutent, qui ne croient pas et qui osent vouloir fuir à l'approche fatidique des trente ans. Bref, ce sont des sortes d'athées, sûrement. On les appelle "les fugitifs". Et ce sont les limiers qui sont chargés de la besogne. Evidemment. Tout est prévu, "on a dépensé sans compter" au départ (comme dans Jurassic Park) mais le résultat est là.
Attention, les limiers "ne tuent pas" ! Ils "terminent" les fugitifs … Eux ne semblent pas avoir la chance d'être régénérés. Le doute, c'est un luxe qui se paye, quand même ! Ils ne seront pas régénérés par une naissance mais seront quand même recyclés. Bon.
Une société où on vit heureux dans un ordre parfait. On ne pense plus à l'amour (source éternelle de problèmes) mais juste à faire l'amour. Une société où il n'y a plus de famille (très grande source de problèmes). Plus de problèmes d'éducation des marmots. Une société aseptisée où il n'y a aucun animal et aucune végétation.
Au-delà de l'aventure que vont vivre les deux héros dans le film et que je ne vais pas raconter, ce que je voulais surtout mettre en avant dans ce film, c'est l'aspect philosophique (un bien grand mot) ou sociologique de ce film. On ne peut pas s'empêcher de chercher (et de trouver facilement, je rassure !) les travers d'une telle société complètement asservissante, déshumanisée et finalement définitivement totalitaire.
Maintenant, amusons-nous un peu :
En 1976, j'avais 21 ans et avais donc une espérance de vie de 9 ans encore (dans la logique du film) ; aujourd'hui, pfff, je l'ai échappé belle.
D'autant que Peter Ustinov, le seul vieux du film avait 55 ans. Bref, c'était un petit jeune, quoi !
Les deux héros, à l'époque des jeunes, Michael York avait 32 ans. C'est peut-être bien la raison pour laquelle il se démène tant.
Jenny Agutter, elle, avait 22 ans et était superbe au moins à regarder. Je recommanderais toutefois de regarder la VO car la voix naturelle de Jenny Agutter me semble un poil plus adulte que celle du doublage, un peu ridicule.
Film très kitsch, avec une bande originale genre psychédélique très années 70 qui a peut-être un peu de mal à passer aujourd'hui. Mais c'est un film que j'aime beaucoup par sa réflexion sous-jacente sur l'impossibilité d'une société parfaite …
Et puis, j'adore, sans condition, voir Peter Ustinov se trémousser quand Jenny Agutter promène ses jolis petits doigts fins dans les rides de son visage.
Ça fait mal vos crevasses sur votre visage ?