Pour les adeptes d'Armageddon préhistorique...

« L’Age de glace » est une saga cinématographique pour laquelle j’ai une réelle affection. Je me rappelle du plaisir que j’ai eu à découvrir le premier opus des aventures de Manny, Sid, Diego et Scratch. Il faut préciser que le mammouth est un animal qui m’a toujours fasciné et je trouve qu’il était sympathique de le mettre enfin dans la lumière ! Je suis allé voir en salle chacune des suites de cette rencontre initiale. J’ai trouvé le second moyen, le troisième décevant et le quatrième très sympathique. J’espérai donc le cinquième opus « Les lois de l’univers » sorti mercredi dernier surferait sur la réussite divertissante de l’épisode précédent.

Après les dinosaures et la fonte des glaces, « L’Age de glace » a décidé d’offrir une nouvelle épreuve géologique à nos héros : la chute d’une météorite. Alors que tout ce petit monde passe une agréable soirée festive, des boules de feu apparaissent dans le ciel. Elles laissent présager la chute d’une immense météorite dont l’issue apparaît fatale : la fin de toute vie sur la planète. Un seul espoir fou persiste : se rendre sur le lieu présumé de la chute du gros caillou pour découvrir ce qui l’attire. Il sera alors temps de trouver une solution pour changer sa trajectoire. Bref, un jeu d’enfant !

Les personnages qui font le succès de la saga sont de retour. Le trio formé par Manny, Sid et Diego sont une nouvelle fois au centre des débats. Néanmoins, leurs différentes aventures ont agrandi le casting. Manny a sa famille, Diego son amoureuse et Sid sa grand-mère. Bref, on est loin du trio initial. Cette évolution a une conséquence majeure de mon point de vue : celle de ne pas laisser beaucoup de place à ceux qui font la réussite de l’univers. En effet, les meilleurs moments restent toujours les moments durant lesquels Manny bougonne, Diego s’agace des excès sans queue ni tête de Sid. Leur petit groupe fonctionnait à merveille. Cette accumulation de protagonistes a pour conséquence de diluer leur complicité. C’est dommage. De plus, le côté « pantouflard » des protagonistes interdit certains gags des premiers opus. Le meilleur exemple est que Sid étant accepté avec sa personnalité, il n’irrite plus ses acolytes par ses actions et ainsi fait moins rire le spectateur. La dimension « je ne te supporte pas mais je ne peux pas me passer de toi » ou « je t’aime mais je ne peux pas te le dire » a disparu.

Le regret que j’exprimer précédemment aurait pu être compensé par l’apport des personnages secondaires. Hélas, ce n’est pas le cas à mes yeux. Le scénario privilégie la quantité à la qualité. Entre les mammifères et les dinosaures, nous approchons la quinzaine de membres dans la communauté. En refusant d’établir une réelle hiérarchie dans tout ce petit monde, le scénariste génère une atmosphère brouillonne dans la narration. On a le sentiment que chacun a son petit mot à dire et il faut bien dire que l’apport de chacun n’est pas nécessairement une réussite. Cela crée de la frustration de voir certains personnages sous-exploités et agacés d’en voir d’autres surexposés par rapport à leur potentiel humoristique ou dramatique.

Une des bonnes idées du premier épisode de « L’Age de glace » était de nous immerger en pleine préhistoire. Cette période est loin d’être la plus usitée de l’univers du cinéma. J’avais trouvé réussie cette atmosphère sauvage et naturelle. Cette ambiance a totalement disparue. Je trouve que les animaux ont maintenant des comportements trop « humains ». Je ne parle pas du fait qu’ils parlent. Cela me paraît lié aux codes du genre. J’évoque davantage la gêne de voir Manny et Diego boire un verre en terrasse. Je trouve que cela casse la richesse, le potentiel et l’originalité de leur univers. J’ai parfois eu le sentiment de suivre les aventures d’êtres humains drapés sous des traits animaliers. Le dépaysement est bien moindre, le plaisir aussi.

L’intrigue se met en place avec des maladresses et des gros sabots. Mais elle a le mérite d’être simple. Les animaux doivent atteindre le lieu d’impact de la météorite avant elle pour trouver sur place une solution pour empêcher la catastrophe. Le road trip qui mène la troupe à destination se déroule finalement sans réelle encombre. Il se déroule de manière linéaire et laisse davantage de place aux grandes discussions familiales qu’aux scènes d’action et aux surprises. C’est dommage car j’ai le sentiment que la narration ronronnait. La dernière partie de l’histoire, une fois arrivée sur le lieu supposé de la collision, n’est pas beaucoup plus réjouissante. Les découvertes sur place ne m’ont pas conquis. Je les ai trouvées manquant cruellement de goût et d’intérêt. En ajoutant de nouveaux intervenants, les scénaristes ont confirmé définitivement l’impression de fourre-tout brouillon que dégage le film.

Concernant l’animation, la réussite est au rendez-vous. Le talent des studios Blue Sky n’est plus à démontrer. Les personnages sont très réussis et s’avèrent particulièrement expressifs en toute situation. Les décors habillent parfaitement la trame. Les scènes d’action sont bien construites. Elles ne marqueront pas l’Histoire du genre mais davantage par un manque d’originalité scénaristique que par une fragilité dans la réalisation. Dans ce domaine, le travail est efficace et sérieux.

Pour conclure, vous l’aurez compris, j’ai été déçu par ce nouvel épisode. Je trouve que la magie de la saga a disparu dans ce dernier acte. Même les interventions de Scratch sont à mes yeux ratées car trop excessives et trop fréquentes. J’ai le sentiment que les auteurs ont voulu mettre le plus grand nombre d’ingrédients possibles sans respecté aucun dosage ni temps de cuisson. Cela ne peut pas donner un bon plat à déguster. Il aurait fallu restreindre le nombre d’ingrédients mais les choisir de qualité. Il ne restait alors plus qu’à les sublimer en cuisine. Hélas, ce n’est pas le choix qui a été fait…