Sans Internet, comment accèderait-on à ces petits pamphlets italocentrés qui sont pourtant des perles internationales d’automoquerie ? Ici, Sordi fait le clown en costume de policier dans un format décomposé (mais loin d’être pourri) en espèces de chapitres (que je nommerais Le Glandeur, Le Policier et L’Homme) eux-mêmes découpés (mais sans boucherie) en sketchs : le procédé habituel permettant aux cinéastes italiens de caser plus de petits gags et de situations abracadabrantes qu’une narration standard ne saurait tolérer – à se demander s’il serait possible de sortir ces œuvres de leur anonymat sans les endommager.
Pourtant, il en existe des versions restaurées, redistribuées et sous-titrées comme celles-ci qui transmet toute la gentille haine de nos voisins pour leurs propres forces de l’ordre et leurs autorités communales, le compromis suranné d’un esprit villageois avec une ère médiatique qui a le vent en poupe – un milieu où les stars comme Sylva Koscina peuvent avoir 18 millions de téléspectateurs (source : le film ; on n’aura pas vérifié au-delà par peur de tout casser) et le policier la rencontrer sans une once de formalité, lui le représentant du désordre dont, par ailleurs, le père aura tiré sur le roi pendant la Première Guerre parce que pourquoi pas.
Difficile d’imaginer que la Cinecittà était à l’époque presque aussi fermée et prestigieuse qu’Hollywood ; les mégalopoles italiennes agissaient comme des satellites et il est trop tard pour continuer à les apprécier à leur juste valeur de fragments bicolores d’une Italie comiquement inconséquente.
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