Vigilante or not Vigilante ?
Ce film, souvent méconnu dans les carrières respectives de Trintignant et Deneuve, commence comme tout Vigilante ; un homme, accompagné de sa femme et sa fille, part en vacances et, sur le chemin, se fait agresser par des motards et qui vont lui prendre ce qu'il a de plus cher.
Ensuite, il va chercher à se venger, mais, et c'est là que ça devient intéressant, ça dévie de ce à quoi on pourrait s'attendre, en l'occurence voir Trintignant dézinguer du motard à tout va, et c'est là tout l'intérêt du film.
Dès l'arrivée de Catherine Deneuve, qui joue la belle-soeur, le film prend une tension sexuelle inattendue, car après avoir été victime d'une pulsion de Trintignant, elle y répondra en devenant plus frontale, plus directe, aussi bien sexuellement (avec un plan sur sa poitrine) qu'avec les gens dont sa gouaille va très bien avec l'histoire.
Ensuite, il y a Claude Brasseur, simple barman dont on croit au départ qu'il s'agit d'un simple petit rôle, mais dont l'importance va devenir grandissante dans l'histoire.
Enfin, il y a Jean-Louis Trintignant, comme toujours impeccable, et qui a ici un rôle plutôt physique, comme plusieurs de ses films à cette époque, et dur, car il doit surmonter son chagrin pour se venger.
Mais il joue d'une telle manière que on comportement laisse planer des doutes sur sa réelle empathie, on oserait presque dire qu'il a provoqué les motards pour qu'ils se "débarassent" de ses siens. Ce comportement jemenfoutiste fait aussi le sel du film.
A noter que c'est la première apparition dans un film de Daniel Auteuil, qui joue un tout petit rôle de motard.
Orné de séquences quasiment expérimentales (comme des poursuites dont on entend uniquement une musique de guitare électrique), voire gratuites (un concert), c'est un film assez étrange, car plus il va, plus dévie de sa trajectoire de vigilante pour se tourner davantage vers un drame, ce qui le rend passionnant au bout du compte (d'ailleurs, excepté la femme et la fille au début, il n'y a qu'un seul mort dans l'histoire), avec des rôles inattendus au bout du compte.
Gérard Pirès est décidément un réalisateur étonnant ; démarrant avec un Erotissimo très drôle, et allant de Taxi aux Chevaliers du ciel, c'est quelqu'un de très hétérocllite, et là, il réussit brillamment à contourner le Vigilante, tout en s'agrémentant de sa passion pour les cascades, signées Rémy Julienne.