Cette comédie très populaire n’est pas ma préférée de Louis de Funès, loin de là. Mais, à sa sortie, elle était inespérée après les soucis cardiaques de l’acteur. Elle a donc eu une saveur toute particulière en 1976. Elle réunissait, en outre, en haut de l’affiche, cette valeur sûre qu’était de Funès avec la star montante Coluche. Aujourd’hui, son duo de vedettes continue de faire la notoriété du film. Au scénario et derrière la caméra, Claude Zidi est sorti de sa période Charlots et a fait tourner à deux reprises Pierre Richard. Ses gags sont donc un peu plus fins mais pas follement drôles non plus (on a encore droit à une scène où Louis de Funès éteint la lumière pendant que des personnages descendent à la cave et donc, inévitablement, tombent). Il faut cependant lui rendre ce crédit d’avoir su se mettre au service de ses deux acteurs principaux en leur offrant, à chacun leur tour, quelques bons moments. Mais, et c'est à amusant à noter, le voilà qui dénonce les excès de l'industrialisme (ce qu'il fera encore dans son film suivant La Zizanie) alors que lui-même incarne le cinéma industriel de ces années.
Le prétexte du film est, par ailleurs, plutôt bien vu. Les étoiles du Guide Duchemin face à Tricatel, le roi de la bouffe industrielle, c’est forcément un bon sujet pour l’époque. Cette rivalité mise en scène par le prisme de la télévision qui cherche à faire de l’audimat est une autre bonne idée. Cela l’est davantage quand le vilain industriel est incarné par le toujours excellent Julien Guiomar et quand Philippe Bouvard tient son propre rôle. Voilà une satire qui annonce bien les décennies à venir. Dommage que le scénario manque, autour de ce point de départ, d’une plus grande cohérence. On voit bien que Claude Zidi aligne bout à bout des sketches qui fonctionnent plus ou moins. Entre l’épisode des valises dans l’hôtel et les pustules qui frappent le visage de Louis de Funès pendant qu’on l’oblige à manger, on n’est pas toujours dans du cousu main.
Le résultat est divertissant et sympathique mais en raison principalement de ses acteurs qui nous livrent un numéro, certes pas totalement délirant, mais globalement amusant. Par nécessité, Louis de Funès incarne un personnage moins explosif et s’assure quelques scènes de travestissement qui ne sont pas sans rappeler celles du Grand restaurant. Coluche, qui ne tourne que son deuxième film, n’en rajoute pas des caisses même s’il incarne ce personnage un brin lunaire et puéril de son début de carrière. Pour le reste, c’est une petite comédie typique des années 70 relevée par l’excellente partition de Vladimir Cosma et son défilé de seconds rôles.