Ce n'est pas avec L'amant d'un jour que Philippe Garrel va se débarrasser de son image de cinéaste pour "happy few". Peu lui chaut, probablement, c'est le seul genre de films qu'il sait faire et cela ne date pas d'hier. L'amant d'un jour est-il pour autant 5 fois moins bon que L'amant de cinq jours de de Broca ? Ce serait excessif de répondre oui mais là où ce dernier mettait de la légèreté, Garrel impose sa gravité un peu terne renforcé par un noir et blanc qui ne s'impose que pour prouver qu'il est un "auteur", ce dont personne ne doute. L'intrigue ou plutôt les deux intrigues n'ont rien de foncièrement original traitant de sujets éternels et inépuisables : l'amour, le couple, les ruptures et tout ce qui tourne autour. Le réalisateur se sert d'une forme héritée de la Nouvelle vague avec une voix off heureusement pas trop sentencieuse (mais tout juste) et une succession de scènes marquantes par leur brièveté, lestées de dialogues dont la profondeur n'est pas évidente. Vu la longueur réduite du film, on n'a pas le temps de trop s'ennuyer mais difficile de le trouver passionnant. On passera également sur le caractère assez sordide de certaines étreintes consommées dans des endroits peu romantiques. L'amant d'un jour a des velléités de démontrer son caractère féministe. Il s'agit plutôt d'une vision masculine du désir féminin, entre autres, avec toute la subjectivité que cela implique. Des deux interprètes principales, Louise Chevillotte prend largement l'avantage sur Esther Garrel. Au milieu, Eric Caravaca est toujours impeccable bien que son personnage souffre de trimballer quelques bons vieux clichés (le prof quinquagénaire séduisant qui sort avec l'une de ses étudiantes).