L'Amant d'un jour est le genre de films qui touche par sa simplicité. On est spectateur de la vie de trois personnages. Jeanne qui pleure son histoire d'amour qui vient de s'achever, Ariane qui aime plaire, être désirée, une femme libre mais pourtant amoureuse de Gilles. Gilles un prof de philo. Les deux femmes sont mises au premier plan, elles sont le centre du film. Filmées en gros plan, la tête d'Ariane en train de jouir, celle de Jeanne en train de pleurer. Ariane qui fume sa cigarette dans un café. Jeanne qui danse avec un homme pour tourner la page, pour oublier. Avec des tâches de rousseur. Les cheveux mal coiffés.
Toutes les deux dégagent quelque chose de spécial, beaucoup de grâce, de douceur et de fragilité mais aussi beaucoup de force.
On sent toute la tendresse du réalisateur pour les deux jeunes femmes si différentes et si complices. Il pose doucement sa caméra sur elles, les enveloppe d'un beau noir et blanc. Il montre leur visage, leurs expressions, leur intimité. Elles sont telles quelles, pas magnifiées. Rien n'est exagéré dans leur façon d'être.
Le noir et blanc rend le film intemporel. On est au 20e siècle avec Ariane lorsqu'elle fume sa cigarette dans un café, dans sa jupe trop longue et démodée. On est en 2017 avec Jeanne qui appelle son ex avec son iPhone. Les deux appartiennent pourtant à la même époque et confrontent leurs visions du couple, leurs visions des hommes.
Le naturel qui se dégage des scènes fait qu'on a l'impression d'y assister. On est dans la rue et on aperçoit tout d'un coup brièvement un homme d'une quarantaine d'années et une jeune femme blonde. Elle sourit, elle a l'air de passer une bonne soirée tandis que lui a l'air tourmenté mais pourtant bien. Elle rentre dans un tabac et lorsqu'elle en ressort, après quelques phrases échangées avec l'homme, son sourire disparaît, elle a l'air un peu gênée, on sent une sorte d'incompréhension et puis les deux se séparent. Voilà, le moment est passé et on ne les reverra plus jamais ensemble. Une scène anodine et fugitive de la vie de tous les jours. Des acteurs vous dites ? Non c'étaient juste des gens...
Tout ça pour dire que les acteurs sont naturels, que les scènes le sont aussi, qu'on semble toujours être dans la même pièce que les personnages ou dans la même rue que ces derniers, que tout semble vrai tant on pourrait vivre ces situations ou être témoin de ces moments. La brièveté de chaque scène appuie ce côté fugitif, comme si on se trouvait par hasard spectateur de chaque moment du film (comme si on était là par hasard comme lorsqu'on assiste brièvement dans la vraie vie à un échange entre deux personnes).
C'est un film simple dans sa réalisation, sans prétention mais qui a le mérite de toucher par sa justesse et par sa franchise. On est spectateur de ce triangle original qui se forme entre Ariane, Gilles et Jeanne. Leur histoire se déroule doucement et durement aussi. Légère et brève comme un souffle.