Faux semblants
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Bien que non dépourvu à mon sens de certaines qualités, ce film est une grosse déception. Un thriller psychologique que ne me procure aucun thrill, ça ne le fait pas, voilà tout ! Je suis sorti de la salle obscure plus détendu que je ne l'étais en y entrant, j'aurais pu faire une heure de Tai Chi ça aurait été pareil.
En fait, les ressorts psychologiques sur lesquels est construit "L'amant double" sont à mon avis par trop improbables, ce qui fait que l'on n'y croit pas un seul instant. Ca ne fonctionne pas, tout bêtement, le coup de la gémellité et tout ça. Cela ne tient pas aux acteurs, qui s'en tirent honorablement, surtout Jérémie Rénier d'ailleurs avec son double rôle. Et ce côté Janus (les deux visages de l'homme) n'est pas inintéressant. Mais les deux personnages principaux restent peu crédibles, tout comme leur relation amoureuse. Du coup, on ne s'immerge pas et on reste finalement assez indifférent à leur sort : allez avoir peur après ça !
Le fond étant ce qu'il est, reste la forme qui est plutôt bien maitrisée. La construction scénaristique est solide, la confusion entre rêves et réalité bien entretenue. Du clin d'œil et de la référence à Hitchcock ou à Lynch (par exemple), il y en a à profusion. Au point que l'on aurait aimé un peu plus d'inventivité de la part du réalisateur, qui est tout de même un des grands noms du cinéma français. Même remarque s'agissant de l'esthétique : Ozon se contente de filmer les beaux quartiers de Paris en intérieurs et en extérieurs (et notamment le Palais de Tokyo). Il le fait fort bien, rien à dire. Mais ce faisant, il se contente - je crois - de filmer l'environnement dans lequel il vit. A cet égard, un peu plus de prises de risques n'aurait pas nui à "L'amant double". Ozon a t'il seulement vu "Aguirre, la colère de Dieu" ? Du coup, j'en suis ressorti avec le sentiment que le film est plus esthétisant que véritablement esthétique. Pour mettre un bémol, mentionnons tout de même que certaines scènes (la visite chez l'ancienne copine de lycée, en particulier) et certains personnages (la voisine, notamment) sont franchement bien réussis.
A ce stade, je m'aperçois que j'ai la manie - dans mes critiques - d'éreinter les cinéastes français contemporains d'un certain renom. Après Dumont et Bonitzer, voilà que je me paie Ozon. Et donc, je fais grâce, au lecteur courageux qui n'a pas abandonné ma critique en cours de route, de mon traditionnel couplet sur la vacuité d'une certaine exception culturelle française. Et je conclus cyniquement avec l'interrogation suivante : les nombreuses scènes érotiques que contient "L'amant double" lui permettront-elles malgré tout de réaliser un score honorable au box-office ?
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Créée
le 11 juin 2017
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