A la base du scénario, on trouve dans le film de Rohmer un nouveau parallèle (plutôt qu'opposition) de caractères entre deux jeunes femmes. Chacune des deux aborde le sentiment amoureux selon son tempérament. Léa est une fonceuse, une curieuse qui se laisse guider par son impulsion du moment. Son amie Blanche est plus romantique, timide et beaucoup plus conséquente.. Autour d'elles gravitent deux garçons qui illustrent également deux attitudes face à l'amour. Le chassé-croisé sentimental qui suit vérifiera peut-être l'axiome "à chacun sa chacune".
Voilà le décor planté, et la fantaisie subtile de Rohmer s'y faufile plus que jamais. Les incertitudes sentimentales, la confusion et l'irrésolution sont mises en scène à travers un schématisme plein d'esprit. Blanche, personnage central de ce marivaudage d'une rare et précise justesse, nous touche par sa sensibilité sincère et ses doutes. La comédienne, Emmanuelle Chaulet, est à cet égard formidable.
Plus surprenante est la démarche de Rohmer qui, une fois n'est pas coutume, dépasse le cadre de la fantaisie et de la séduction en incorporant une séquence inattendue pleine d'un romantisme sensuel, puis un dénouement très amusant qui touche à la pure comédie.
On ne peut pas évoquer le film en omettant de souligner qu'il constitue aussi un manifeste architectural (au sein duquel se développe le sujet) en faveur d'une ville qui concilierait les avantages de la banlieue proche de la grande ville et la convivialité presque villageoise d'une bourgade entourée de verdure. Cergy-Pontoise, ville nouvelle et séduisante en 1987, semble répondre aux souhaits du cinéaste.