Pierre Granier-Deferre était un grand professionnel, et si le sujet n'était pas trop costaud, il y avait toutes les chances pour que celui-ci réussisse un bon film. C'est précisément le cas avec « L'Ami de Vincent », histoire parfois passionnante dû notamment à son étonnant point de départ. Séduisante idée en effet que de se plonger dans le passé d'un séducteur afin de retrouver la femme qui a cherché à l'assassiner, même si les choses sont évidemment un peu plus compliquées. D'autant que de nombreuses possibilités apparaissent alors, tandis que le réalisateur ne bâcle aucune des relations potentiels entre les différents personnages. D'ailleurs, celui-ci évite pendant un moment l'impression de répétition, les portraits brossés s'avérant suffisamment originaux, décalés et surprenants pour que l'on y prenne à chaque fois presque autant de plaisir.
Reste qu'une légère lassitude finit par arriver au bout des deux tiers, même si celle-ci était difficilement évitable. Cela manque peut-être aussi légèrement d'émotions, mais la mélancolie imprégnant l'ensemble compense joliment. Et puis surtout, c'est l'occasion d'admirer deux immenses acteurs dans leurs œuvres : Philippe Noiret et Jean Rochefort sont comme prévus irrésistibles dans des rôles à la hauteur de leur talent, joliment entourés par un magnifique casting féminin (Françoise Fabian, Fanny Cottençon, Marie Dubois, Marie-France Pisier, Anna Karina, Jane Birkin!). Cela aurait probablement pu être encore mieux, mais ce drôle de polar est suffisamment original et séduisant pour qu'on s'y penche au moins une fois. Une belle surprise.